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Un point c’est tout. n°22 06/09/2015

Publié le 06 septembre 2015 par Legraoully @LeGraoullyOff

01-06-Un point, c'est tout.

Point noir : À l’âge où les gosses occidentaux cassent les oreilles de leurs géniteurs dans les supermarchés en réclamant qu’on leur achète tout ce qui leur tombe sous les yeux, le petit Aylan a échoué sur une plage, définitivement hors d’état de réclamer quoi que ce soit dans un de ces supermarchés dans lesquels il n’a probablement jamais pu entrer. En voilà un pour qui le problème de la révélation de la non-existence du Père Noël ne se posera pas, mais de toute façon, il n’a sûrement jamais eu le loisir d’y croire… Difficile d’être drôle sur un sujet pareil, encore que les réactions des braves gens de chez nous peuvent prêter à sourire : l’ami Cédric refuse d’en être dupe et il a raison ! Il aura fallu un fait aussi tragique que la mort de ce pauvre gosse pour que Margot, d’habitude toujours encline à gober sans difficulté l’antienne sur les « étrangers qui viennent bouffer le pain des français », se rappelle du jour au lendemain que c’est le plus souvent poussés par la nécessité prenant le visage de la guerre, de la famine, du fascisme ou des trois à la fois que des milliers de personnes, présentées comme des envahisseurs par les politiciens de chez nous, quittent chaque année le pays où ils sont nés. Le gros beauf’ du rez-de-chaussée qui meurt d’angoisse rien qu’à l’idée de devoir aller à l’autre bout de la France découvre que les migrants sont des êtres humains comme lui et ne quittent donc pas de gaîté de cœur le pays où ils ont vu le jour, ont grandi et ont tous leurs proches et tous leurs repères. Le petit cadre qui rouspète quand les agriculteurs l’empêchent de rentrer dans son clapier aussi rapidement qu’il le souhaiterait se rappelle d’un coup que dans sa Renault achetée à crédit, il est mille fois plus heureux que ces damnés de la terre trompés, grugés, dépouillés par des passeurs sans scrupules et entassés à trente sur une coquille de noix à la merci de la moindre fortune de mer. La rombière débile qui pousse les hauts cris quand le président de la République débloque une aide d’urgence aux pays pauvres découvre avec stupeur qu’il y a plus malheureux qu’elle et son cocker arthritique et ne verrait plus d’inconvénient à économiser sur son abonnement à Gala pour venir au secours de ces pauvres petits malheureux dont elle pourrait être la grand’mère…Mais n’espérez pas pour autant une évolution durable des consciences de nos chers concitoyens, ils ont déjà tellement de soucis ! En plus, c’est bientôt la coupe de monde du rugby, alors on ne va pas quand même pas perdre de vue les choses sérieuses pour quelques moricauds qui de toute façon ont déjà depuis longtemps l’habitude de se faire interner, torturer, liquider, n’est-ce pas, ma chère ?

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Pointe HB : Voilà où ça mène de passer l’été coupé du monde : c’est en recevant mon Fluide Glacial cette semaine que j’ai appris, avec un mois de retard, la mort de Coyote… Merde alors, la perte est irréparable ! En tout cas, ne comptez pas sur mois pour dessiner des motos à sa place ! C’est vraiment une mauvaise année pour le dessin d’humour : comme si on n’avait pas assez morflé jusqu’à présent, voilà qu’on ne connaîtra jamais la fin de la série Les voisins du 109. Comment se fait-il que j’apprécie tant l’œuvre du biker dessinant alors que j’ai horreur de la moto ? Sincèrement, je dois dire que le club de motards du père de Litteul Kévin me rappelle la bande d’amis dont mes parents font partie depuis que je suis tout petit ; peut-être même faut-il voir ici la clé du succès de ce défunt dessinateur : de même que pour Margerin, l’essentiel n’est pas dans le fait que ses personnages soient fous de moto mais dans leur capacité à être attachants dans leurs ennuis de tous les jours, dans leurs joies, leurs peines, leurs angoisses, leurs amours… Ben quoi, je peux y aller carrément : les morts ne rougissent pas !

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Zéro pointé : On a tous nos vices : j’ai profité d’un moment perdu pour regarder des vidéos du Bébête Show ; on n’a pas manqué d’expliquer la mort de ce programme par le succès des Guignols de Canal+ qui n’ont pas tardé à donner un méchant coup de vieux à Kermitterrand, Barzy, Black Jack, Marchy et les autres. Mais, concurrence des Guignols ou pas, je réalise aujourd’hui que, malgré le talent de feu Jean Amadou, l’émission se serait essoufflée de toute façon : quand on visionne les émissions dans l’ordre chronologique, il devient patent que les auteurs se sont de plus en plus laissés aller aux blagues grivoises, aux jeux de mots faciles et au poujadisme de bas étage – TF1 oblige, me direz-vous. Mais surtout, certains traits d’esprit, au demeurant brillants, pourraient resservir tels quels aujourd’hui bien qu’ils fussent liés directement à l’actualité de l’époque : par exemple, lorsque Mitterrand a annoncé, suite à l’invasion du Koweït par Saddam Hussein, que l’on était « en logique de guerre », Kermitterrand la grenouille a tenu les propos suivants : « La logique de guerre, ça veut dire que ce n’est pas la guerre mais qu’il suffirait de peu de choses pour que ce soit la guerre : par exemple, le gouvernement Rocard est en logique de socialisme ! » Remplacez « Rocard » par « Valls » dans cette phrase, et elle reste valable ! En fait, si l’essoufflement guette toujours peu ou prou les comiques qui pratiquent cet humour chansonnier, c’est tout simplement parce que l’histoire se répète… Pas étonnant que Roucas ait sombré dans l’alcoolisme et les mauvaises fréquentations et encore moins que Guy Bedos sucre les fraises : devoir tourner en dérision toujours les mêmes magouilles, toujours les mêmes éconocroques, toujours les mêmes astuces crapuleuses, ça use ! Ne vous étonnez donc pas si moi-même je suis de moins en moins prompt à commenter les âneries plus ou moins gangsteriennes de nos gouvernants ; après tout, il existe plein d’autres façons de faire rire ! Un point, c’est tout.

09-04-Voleurs de mots

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