Quand j'étais adolescente, je lisais pas mal de poésie, avec une préférence notable pour les mots torturés de Baudelaire. Une habitude qui s'est peu à peu raréfiée, au point qu'aujourd'hui, je n'en lis plus du tout. Lorsque le jeune poète Arthur Yasmine m'a parlé de son livre Les Clameurs de la Ronde et de sa vision quelque peu "musclée" de la poésie, ma sensibilité a été touchée au vif. Et j'avoue ne pas avoir été déçue.
Une chose est certaine : on est loin de la rose de Ronsard. Oubliez également les fioritures cul-cul sans queue ni tête, ce qu'on ne peut pas reprocher à la poésie d'Arthur Yasmine, c'est qu'elle est bien vivante. Faite de feu et de glace, violente et crue comme l'est la vie.
La vie, c'est justement le terrain de jeu de l'auteur. C'est après une violente rupture amoureuse qu'est né Les Clameurs de la Ronde, long cheminement du poète à travers la douleur ressentie pour l'être aimé. Comme dans un bon thriller, une tension indicible sous-tend l'ouvrage, jusqu'à un drame irréversible.
Loin des alexandrins que notre scolarité nous a fait apprendre par cœur, Les Clameurs de la Ronde se compose de plusieurs formes, du sonnet à la lettre en passant par la correspondance, comme une preuve que la poésie est présente partout, pour peu qu'on la laisse vivre. En écho à son titre, l'ouvrage se lit d'ailleurs en boucle, la fin répondant au début.
Côté plume, Arthur Yasmine revendique une écriture virile, brûlante, parfois violente, à mille lieux des mièvreries qui font (malheureusement) souvent la réputation de la poésie. L'ouvrage se clôture d'ailleurs sur une lettre pamphlétaire aux éditeurs qui entretiennent la mollesse du genre. C'est là l'objectif que s'est fixé Arthur Yasmine : "sortir la Poésie du marasme et lui redonner sa majesté perdue". Mission accomplie.
Les Clameurs de la Ronde d'Arthur Yasmine, Carnet d'Art éditions, 2015, 85 pages