Magazine Journal intime
Un après-midi de chien
Publié le 08 juin 2008 par CorckyLe secret ayant été éventré éventé depuis quelques heures, je peux le dire sans crainte de trahir ma Sainte Parole, qui vaut à peu près autant qu'un kilo de riz hors période de crise alimentaire mondiale (autant te dire qu'en ce moment, chacune de mes promesses vaut de l'or, c'est pour ça que je n'en fais aucune).
Oui, l'invité mystère est bien le mythique Levraoueger, le Machiavel du commentaire inspiré et du jeu de mot hautement intellectuel, le Prince de la contre-pétrie foireuse, et surtout l'émule de Michel Fourniret Wolinski et de Reiser (vu comment ils ont fini, je serais lui, je me méfierais).
Le coup ayant été prévu de longue date, je t'avoue que ce n'est pas sa venue qui constitue le scoop de la semaine.
Non.
Le vrai scoop, le truc qui m'a prise moi-même au dépourvu, c'est l'arrivée d'un véritable invité-surprise que personne n'avait prévu au programme, sauf l'institutrice de la maternelle du coin, qui devait se frotter les mains vendredi soir et qui va se frotter les yeux lundi matin.
Je t'ai déjà parlé de Petit Ours?
Petit Ours, c'est la mascotte de la classe de ma fille.
Petit Ours, c'est un ours gentil tout plein et mignon comme tout, qu'on est toujours heureux de retrouver dans les bras d'un enfant innocent qui le serre contre sa poitrine avec toute la tendresse de son petit coeur pur et qui le contemple avec, dans ses yeux de petit ange, tout l'amour que Dieu a mis dans le dedans de lui.
Non, je déconne.
Petit Ours, c'est une peluche miteuse et puante à force d'être sucée par des mômes de quatre ans qui se la refilent en même temps qu'ils se refourguent leurs bactéries pathogènes.
Non seulement il pue, mais en plus il a d'infimes traces de morve dans ses poils dégueulasses, sans parler de son air complètement con (ça doit être génétique, chez les ours en peluche, d'avoir l'air con et ahuri).
Petit Ours, ton gamin te le ramène à la maison quand c'est son tour, et il rapplique avec des doudous et une valise pleine de fringues.
Oui, parce que le squatteur fétide, faut le mettre en pyjama le soir et lui remettre des habits propres le matin.
Autant te dire que Val et moi, on était aussi ravies de récupérer Petit Ours que de se faire arracher douze dents par un prétendu stomatologue roumain spécialisé dans le trafic d'organes et l'esclavage sexuel des femmes de l'Est (ne ris pas, y'a au moins un type comme ça qui exerce à Paris et il a pignon sur rue, c'est mon dentiste).
En plus, Petit Ours est livré avec un cahier à grands carreaux de format A4 , dans lequel tu es censé exposer tous les bons moments que vous avez passés, ta femme, ta fille, ton chat et toi, avec lui, et l'illustrer si possible avec moult photos.
Comment Petit Ours a joué à la Nintendo avec Achille.
Comment Petit Ours a pique-niqué avec Léa et ses parents.
Comment Petit Ours a regardé la téloche avec Mouloud.
Comment Petit-Ours s'est fait chier dessus par Jessica (si tu ne connais pas Jessica, je t'en parlais y'a pas longtemps).
Nous, on est donc censées remplir le cahier avec toutes les activités que ce connard aura pratiquées avec Poupon la Peste d'ici lundi matin.
Bon.
Ma fille, elle est chouette mais elle a quatre ans, ce qui veut dire qu'elle est un peu niaise, et que le comble de l'éclate, pour elle, c'est de se faire prendre en photo avec Petit Ours sur la terrasse en train de faire griller des cotelettes, ou bien en train de lui lire un bouquin de Tchoupi.
Autant dire que c'est mortellement chiant.
Mais.
Je t'ai dit que mon frère de blog, Bertrand le Levraoueger, était avec nous ce week-end.
Je t'ai dit que Petit Ours, il est bien gentil, mais il nous gavait sévère, ma femme et moi.
Je t'ai dit que si tu nous mets tous les trois ensemble, il risque toujours d'arriver des choses qui sortent de l'ordinaire?
Le côté positif de l'histoire, c'est qu'on a de quoi remplir le cahier de Petit Ours, qui a été victime de ce qu'on appelle très sérieusement le Syndrome de Stockholm (qui désigne la propension des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers à adopter un peu ou tous les points de vue de ceux-ci, comme Patty Hearst).
Le côté peut-être un tout petit peu négatif, c'est qu'éventuellement, on risque de se faire convoquer dans le bureau de la Directrice de l'école lundi matin vers dix heures.
Mais on aura un alibi en béton:
Petit Ours, c'est rien qu'un gros pervers qui cachait bien son jeu, et on a rien pu faire pour l'en empêcher.
Début de la prise d'otage
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Petit Ours découvre les cours d'EPS
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sur les abeilles et les fleurs