Messieurs les Editeurs, Ô Saintetés,
Comment allez-vous ?
Ma tenue légère vous surpr…Quoi, c’est pas moi sur la photo ? Bien sûr que si !!! Seulement là, je suis maquillée. Je me maquille rarement (problème d’allergie). Alors les hostilités commencent ? Pas de soucis, j’ai des dossiers et un cutter…comme dans mon roman La Frontière. (rire)
La pudeur dévêtue
Vous vous souvenez de mon roman que vous avez presque tous refusez : « pas assez commercial ». Un éditeur, très connu, voulait pourtant le publier à condition que je rajoute « des scènes d’enculage » Véridique. D’où ma tenue affriolante sur la photo; la mode est au Q ; je m’adapte, enfin j’essaie (rire).
Alors le talent ne suffit plus ? Faire le commerce de son trauma, de son viol ou d’un passé tortueux, ça rapporte, ça se vend très bien mais est-ce de la littérature ?
Si demain j’écris un roman : Comment je me suis fait violer par mes escargots? ou Défonce-moi dans l’ascenseur, les escaliers sont en panne, j’aurai une chance d’être publiée ? C’est rassurant. Merciii.
Qu’est-ce qui m’a prix d’écrire La Frontière alors qu’il suffisait de me répandre dans la pleurniche, en évoquant mon passé (voir ma dernière interview) ? Un roman sans intérêt, avec un style pourri, lourd comme un coup de fer à repasser ; ex : Ma vie chez les Tenardiers ou Ma valise en nylon ; c’est bon, ça ! C’est bon !
Mieux encore lorsque je parle de l’anorexie : Dashau for ever. Rien qu’avec le titre, je décroche le Goncourt !
Pourtant il y a de bons éditeurs qui misent sur la qualité, de grands écrivains qui vendent sans se rouler dans la fange. Heureusement…Seulement il faut franchir la ligne Maginot , le barrage des comités de lecture.
Comment faire pour qu’un manuscrit soit lu ?
Messieurs les éditeurs, ne me dites pas que vous lisez tous les manuscrits; vous en recevez tellement que c’est une tache impossible.Gallimard par exemple, ne lit que la première page d’un manuscrit.
La plupart des autres maisons d’éditions le parcourent, lecture en diagonale, en triangle, en rond… Pas étonnant qu’après je reçoive des remarques telles que : « le premier chapitre de La Frontière est flou et en avançant dans le roman, le rythme de la phrase est haché, très rapide. Il y a un déséquilibre. »
Pardon ? Un déséquilibre ? Cela s’appelle l’EVOLUTION du style. Vilain garnement !
Si le premier chapitre de La Frontière vous semble flou, c’est que Miléna est gavée de calmants (ou que vous n’avez pas mis vos lunettes); si rythme de la phrase s’accélère, c’est parce qu’ il correspond au rythme cardiaque de Miléna. LISEZ les manuscrits, lisez aussi entre les lignes.
Et innover en littérature, jouer avec les mots, la stylistique, on n’a plus le droit ?
Alors expliquez-moi, chers éditeurs, pourquoi une grande maison d’édition québécoise NUMEditeur a publié La Frontière en version numérique ?
Expliquez-moi pourquoi les Editions Buzuku, maison d’éditions albanaise qui ont traduit notamment Le Clézio, Modiano, Carole Martinez…ont signé avec moi ?
Parce qu’ils croient au potentiel de leurs auteurs, parce qu’ils ont lu entièrement le manuscrit, parce qu’ils cherchent de nouveaux talents et ont du cran.
Le piston
Sur le le net, il y a des gens qui écrivent très bien, qui mériteraient d’être publiés, contrairement à certains écrivaillons pistonnés, adulés par les médias. Je n’ai pas de piston mais j’ai mieux : une force et une patience inébranlables.
Comme beaucoup d’écrivains déjà publiés, je suis persuadée que je rencontrerai mon éditeur. Question de temps, d’audace.
L’éditeur qui publiera La Frontière, celui-là, je ne laisserai jamais tomber. Question de loyauté.
Aux lecteurs : pour des raisons évidentes, je n’ai pas pu dans cet article, citer des noms d’éditeurs, de journalistes mettre les preuves (mail, courrier).