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Interview (presque) imaginaire : Renan Apreski rencontre l’homme le plus pessimiste de France

Publié le 16 novembre 2015 par Legraoully @LeGraoullyOff

RENAN APRESKI : Monsieur Cafard, bonsoir.

JEAN-PAUL CAFARD : Où t’as vu un bon soir, toi ?

R.A. : Hum ! Alors, monsieur Cafard, vous êtes l’homme le plus pessimiste de France, que vous inspirent les attentats du 13 novembre ?

J.-P.C. : Oh ben pour moi, c’est très clair : la France est foutue et Hollande le sait mieux que quiconque ! Il est bien mignon, le président, quand il dit que la France est forte, il me rappelle l’affiche « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts » qui était placardée sur les murs de Paris quand la Wehrmacht y est entrée ! Il s’en fout, il sait bien que ce n’est pas lui qui se fera tuer ! Sincèrement, comment voulez-vous faire face aux djihadistes, des mecs surentraînés et armés jusqu’aux dents, prêts à tout pour faire triompher leur cause, même à se sacrifier ? Vous comptez peut-être sur notre police composée d’hirondelles tout juste bonnes à régler la circulation et à poser des PV, ou alors sur notre armée d’illettrés qui ont signé pour éviter le chômedu, commandés par des rampouilles avinées ? Dans ce cas, vous êtes victime du syndrome de Stockholm ! L’autre jour, en entrant dans un festival de cinéma, j’ai dû montrer patte blanche, c’est-à-dire ouvrir mon sac à un gardien ; je lui ai demandé « qu’est-ce que vous feriez si un mec armé d’une kalachnikov déboulait ici ? » et il m’a répondu : « ben rien, j’suis pas payé pour prendre des balles » : tout est dit !

R.A. : Tout de même, nous avons des valeurs à opposer à la violence aveugle…

J.-P.C. : Ah bon ? Et où t’as vu que les « valeurs » contribuaient à faire l’histoire ? On ne gagne rien avec de belles paroles et de beaux sentiments, les armes donnent toujours raison à ceux qui les utilisent ! Et quand bien même, tu trouves que notre foutu pays est digne de ses « valeurs » ? Ça fait au moins dix ans que les gouvernements successifs rognent les libertés individuelles sous prétexte de sécurité, les médias sont tenus par les marchands de soupe, l’écart entre les riches et les pauvres n’arrête pas de s’élargir, des milliers de jeunes croupissent dans des banlieues pourries pendant que le Cac 40 exulte, les flics municipaux braquent les gosses dont les parents n’ont pas payé la cantoche, les nationaux continuent à servir du « tes papiers, sale nègre » à tous les repas, des femmes accouchent menottés, le Front National cartonne aux élections, les néo-réacs ont pignon sur rue dans les médias, les commerçants qui flinguent les braqueurs sont érigés au rang de héros… Si tu trouves de la liberté, de l’égalité et de la fraternité là-dedans, fais-moi signe !

R.A. : Quand même, il y a des raisons d’espérer : le soutien de tous les pays du monde, la mobilisation de dimanche dernier…

J.-P.C. : Bah ! Ça ne t’étonne pas, toi, que le président iranien soit le premier à dénoncer les attentats comme un « crime contre l’humanité » alors que dans son pays, les gens qui s’amusent en toute liberté, ce ne sont pas les terroristes qui s’en chargent mais bien les forces de l’ordre ? Et puis attends que l’émotion soit retombée et tu verras la presse étrangère reprendre le « french bashing » : aujourd’hui, Paris est « capitale du monde libre » mais dans deux semaines, la France sera redevenue un pays de ringards qui n’acceptent jamais aucun changement ! Quant à tes braves manifestants qui descendent dans la rue défendre la tolérance, je ne leur donne pas une semaine pour se mettre à gueuler « mort aux Arabes, à bas l’Islam, vite Marine ! »

R.A. : C’est quand même incroyable d’être aussi pessimiste que vous ! Ça cache quelque chose !

J.-P.C. : Je peux te faire un aveu : j’ai un secret. Si je vois tout en noir, c’est parce que j’ai une bonne raison d’être malheureux : je suis affligé de la pire des tares qui puisse exister !

R.A. : Laquelle ?

J.-P.C. : Je suis fan de Michèle Torr.

R.A. : Ah, d’accord ! Tout s’explique…

J.-P.C. : Et ouais ! Si j’étais allé au festival de cinéma dont je te parlais tout à l’heure, c’était pour convaincre un producteur de financer mon projet de biopic de Michèle : j’en ai sollicité dix, neuf m’ont envoyé chier ! Le dixième a carrément appelé les flics…

R.A. : Et bé ! Croyez bien que je vous plaindrais sincèrement, mon vieux, si vous n’aviez pas à ce point des goûts de chiotte.

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