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Un point, c’est tout. n°31, 21/11/2015

Publié le 22 novembre 2015 par Legraoully @LeGraoullyOff

01-06-Un point, c'est tout.

Mise au point : Depuis mon adolescence, la civilisation arabo-musulmane me fascine ; en Espagne, les Musulmans chassés par les Rois catholiques ont laissé à l’Europe leurs musiques et leurs monuments, probablement ce qu’il y a de plus beau sur notre vieux continent : qui a déjà vu l’Alhambra et l’Albaicín peut mourir tranquille et le flamenco, l’une des plus belles musiques du monde, doit énormément à la culture arabe. De leur voyage au Maroc, mes parents ont surtout retenu la courtoisie et l’hospitalité des populations locales qui n’opposaient que leur sourire à des touristes occidentaux arrogants et infatués de leur supposée supériorité ; sans compter que le monde musulman, c’est aussi le peuple tunisien qui a su secouer le joug d’une dictature et adopter une constitution garantissant l’égalité hommes-femmes et la liberté de conscience, le tout malgré les pressions des islamistes. Tout ceci pour dire que je ne laisserai jamais personne réduire cette prodigieuse civilisation aux clichés véhiculés par des fous meurtriers : ces actes sont indignes de cette culture et ôtent à leurs auteurs toute légitimité à la représenter ! Enfoncez-vous bien ça dans le crâne et songez aux lycéens brestois qui, après le 7 janvier, ont manifesté aux cris de « Non aux amalgames » ! Est-ce que vous valez moins que vos enfants voire vos petits-enfants ?

Alhambra

Points sur les « i » : Ils furent assez nombreux, au lendemain du 7 janvier, à dire que Charlie Hebdo « l’avait bien cherché » et avait provoqué inutilement les intégristes. Depuis le 13 novembre, ces messieurs-dames sont étrangement muets ! Et pourtant, dans un sens, provoquer les intégristes, c’est bien ce que faisaient les victimes ! Et oui, vivre selon notre mode de vie occidental et laïc, où boire de l’alcool et écouter de la musique n’est pas un crime, où les filles peuvent sortir tard le soir et parler aux garçons en toute impunité, c’est déjà une provocation en soi, pour ces connards barbus ! Alors mesdames et messieurs les bien-pensants, si vous voulez éviter à tout prix de provoquer ces minables, ne vous gênez pas, vivez comme au moyen-âge, mais ce sera sans moi, merci !

04-18-Je suis Charlie

Pointe d’espoir : J’ai fait mon possible pour échapper aux torrents de parlottes stériles qui ne pouvaient manquer de nous tomber dessus après la tragédie ; je n’ai même pas écouté le discours de François Hollande ! De toute façon, je ne m’inquiétais pas outre mesure de ce côté-là : on sait tous depuis janvier dernier que notre président a au moins le mérite de savoir garder son sang-froid dans la tourmente. Pour le reste, à quoi bon gloser sur la riposte ou la non-riposte, à quoi bon rejeter à ses adversaires la responsabilité de ce qui a provoqué cette horreur, à quoi bon pondre des tartines de paroles indigestes sur un prétendu « choc des cultures », à quoi bon essayer de faire payer aux survivants ? Tout ça ne nous ramènera pas tous les innocents fauchés alors qu’ils croyaient pouvoir se payer le luxe d’un peu d’insouciance… Je réalise que, du haut de mes 27 ans, en dépit des inquiétudes que je peux souvent ressentir et que je ne manque pas d’exprimer, par ailleurs, sur ce site, j’ai toujours eu de la chance dans la vie : il n’y a quasiment pas eu de grand malheur pour frapper ma famille, j’ai bénéficié d’une instruction de qualité, j’ai eu un accès correct à la culture, je n’ai pas eu à subir les affres de la famine, de la guerre ou du fascisme… Je ne demande qu’une chose à la vie : que ça continue. Alors mesdames et messieurs les décideurs, faites toutes les conneries que vous voulez, mais ne me les collez pas sur le dos ; dans un mois, c’est Noël : m’accorderez-vous le droit de fêter ça avec ma famille comme si de rien n’était ?

09-02-Sarah et moi

Point dérisoire : Vous l’avez peut-être compris, les propos que je faisais tenir, dans un article antérieur, à Jean-Paul Cafard, « l’homme le plus pessimiste de France » reflétaient mon état d’esprit au lendemain des attentats, avec le moral plombé qui va forcément avec : toute une liste de craintes que je m’efforçais de désamorcer par l’outrance et l’humour, mes armes favorites, armes qui ne tuent personne mais me font gagner à presque tous les coups… En tout état de cause, je peux l’avouer : l’anecdote de l’agent de sécurité à l’entrée du festival de cinéma était donc autobiographique, j’ai effectivement demandé à l’agent qui m’a fait ouvrir mon sac à dos, à l’entrée du festival du film court, ce qu’il ferait s’il voyait débouler un type armé d’une kalachnikov, et il m’a bel et bien répondu qu’il n’était pas payé pour prendre des balles ! Dans le même ordre d’idées, vendredi soir, à l’entrée d’une salle de spectacle, un autre agent m’a fait ouvrir mon blouson ; je lui ai demandé ce qu’il aurait fait si j’avais eu une ceinture explosive, il m’a rétorqué « pas grand’ chose, hélas ! » Ça a le mérite d’être clair ! Je ne veux affoler personne, mais l’état d’urgence n’est pas la panacée – ce dont je me doutais déjà un peu avant.

11-18-Au secours !

Point dérisoire (bis) : Une seule chose pour me remonter le moral cette semaine : Marine Le Pen qui s’est ridiculisée sur l’antenne de France Inter en quittant avec fracas le studio pour ne pas avoir à admettre qu’elle était prise en flagrant délit de mensonge. L’héritière du borgne est coutumière du fait : souvenez-vous des deux interviews où Anne-Sophie Lapix l’a démasquée et prouvé qu’elle était un triple zéro en économie, sans parler de toutes ces émissions auxquelles elle a annulé sa participation pour ne pas avoir à affronter un adversaire trop fort pour elle… Devant tant de lâcheté, d’hypocrisie et d’incompétence, on en arrive à se dire qu’en fin de compte, l’UMPS, ça a du bon !

06-15-FN

Point culturel : Pour terminer sur une note positive : vendredi soir au Mac Orlan (la salle de spectacle dont je vous parlais à l’instant), mon amie Marjorie Bergonzo et sa complice Martina Filipova, malgré une inquiétude bien légitime, ont brillamment réussi leur première représentation de « Dans les yeux », leur chorégraphie questionnant la beauté, cette qualité qui offre la toute-puissance à qui la possède mais peut condamner son détenteur (ou sa détentrice) à être mis à l’écart de l’humanité commune… Bravo, Marjo, et merci ! Grâce à toi, j’aurai passé ma plus belle soirée depuis…ben, depuis une semaine, en fait. Un point, c’est tout.

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