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Un point, c’est tout. n°36, 24/01/2016

Publié le 24 janvier 2016 par Legraoully @LeGraoullyOff

01-06-Un point, c'est tout.

Point cardinal : Au point où j’en suis de ma « carrière », je ne peux pas dire qu’on m’interviewe souvent, mais le peu de fois où ça m’arrive, je ne peux pas m’empêcher de me dire, a posteriori, que si j’avais l’esprit un peu plus fulgurant, j’aurais bien mieux répondu. Ainsi, cette semaine, sur l’antenne de Radio Neptune, l’ami Maxime Piolot m’a demandé pourquoi moi, le mécréant, j’ai écrit un mémoire de recherche sur le péché originel (inutile de le chercher en librairie…pour l’instant) ; je m’en suis tiré en disant que pour être incroyant, je n’étais pas borné pour autant et que j’avais trouvé curieux, à l’époque, de constater à quel point ce thème biblique recoupait les préoccupations qui étaient les miennes à l’époque sur la question de la culpabilité ; mais j’aurais aussi bien pu répondre que je ne voyais aucun paradoxe dans ma démarche, au contraire : n’étant pas croyant, je n’étais pas aveuglé par le dogme et j’avais le recul suffisant pour pouvoir analyser le récit biblique sans m’autocensurer dès que je voyais venir la possibilité d’une interprétation contraire à la position de l’Église – ce que je n’ai cependant pas cherché à tout prix malgré mon exécration de cette organisation qui reste la plus grande criminelle contre l’humanité de tous les temps.

01-12-Evêque d'Angoulème

Point cardinal (bis) : Puisque je parle de Maxime Piolot, je continue : ce chanteur-poète-philosophe breton se traîne une réputation de « catho » ; maintenant que je le connais mieux, je peux vous dire qu’elle est en grande partie injustifiée : certes, Maxime se reconnait dans le message christique de paix, d’amour et de tolérance, mais c’est justement pour ça qu’il est le premier à dire, à juste titre, que l’Église catholique a trahi l’esprit des Évangiles en faisant couler le sang au nom du Christ. De plus, je n’ai vu aucun crucifix chez lui. Il a donc une position, vis-à-vis de la spiritualité, que je respecte plus que je ne l’approuve et qui n’a strictement rien à voir avec la foi de charbonnier qui caractérise la plupart des bigots desséchés dont on peut voir de si magnifiques spécimens dans les rangs de la « manif pour tous » : tant pis pour les curés intégristes qui seraient tenter de récupérer son talent à leur compte ! Et puis quelqu’un qui aime les chats, n’aime pas les militaires et déteste le sport-spectacle ne peut pas être mauvais.

12-08-Maxime Piolot

Point fort : Les étudiants du Master 2 Développement de projets en tourisme culturel de l’université de Brest ont mis en place une magnifique (et malheureusement éphémère) exposition sur l’art des « Ghostnets », ces filets de pêche abandonnés dont les Australiens font des sculptures au lieu de les laisser pourrir la vie de la faune et de la flore marine – car ces filets, jadis biodégradables, sont aujourd’hui fabriqués en fibres synthétiques, de telle sorte que la nature mettrait des siècles à les détruire complètement. Ces braves petits ont, en outre, eu la bonne idée, pour faire le pont entre l’Australie et la Bretagne, de lancer un appel à projets artistiques sur la pollution du littoral breton ; devinez qui a sauté sur l’occasion ? Et oui ! Par conséquent, deux caricatures de votre serviteur, parmi d’autres créations d’artistes amateurs locaux, offrent un complément à cette brillante exposition artistique ET écologique : je dois d’ailleurs dire, toute fausse modestie mise à part, que je suis particulièrement content de mon dessin où un oiseau mazouté par la marée noire de l’Erika dit « Ce qui est incroyable, ce n’est pas qu’il y ait de l’eau sur Mars, c’est qu’il y en ait encore sur Terre ! » Un dessin que j’ose croire bienvenu en cette période où l’on a le culot de se féliciter de la baisse des cours du pétrole, comme si c’était une formidable victoire de pouvoir continuer sans remords à gaspiller les énergies fossiles et à pourrir la planète avec nos poubelles à roues ! Mais, pour cesser de parler de moi, la qualité de cette expo montre que quand on prend la peine de faire confiance aux jeunes, ils sont capables de grandes réalisations ! Pour une génération qu’on dit apathique et tout juste bonne à faire des jeux en ligne ou à bouffer des pizzas de qualité douteuse devant NRJ 12, ce n’est quand même pas mal !

01-18-Pollution littoral breton (1)

Point critique : Vous vous souvenez, les premiers téléphones portables ? À l’époque, on cherchait à faire de plus en plus petit, de plus en plus pratique à transporter, les fabricants suivaient le processus logique de la « miniaturisation », la petite taille était même un argument de vente de poids ; Turk et De Groot, les géniaux créateurs de la série Léonard résumaient d’ailleurs brillamment cette logique sur la base du simple bon sens : « S’il faisait 40 kilos, il serait nettement moins portable ! » C’est dire si, aujourd’hui, les marchands de joujoux high-tech doivent se pisser dessus de rire : avec les smartphones, ils ont réussi à vendre à leur clientèle de snobs et de veaux des téléphones de moins en moins portables ! Je n’exagère pas : au cours d’une réunion de famille, j’ai fait rire tout le monde avec mon Nokia de première génération, mais j’ai fait remarqué que mon vieux clou antédiluvien, lui, tenait encore dans ma paume, tandis que leurs joujoux dernier cri, eux, ne tenaient même plus dans leur poche ! Les marchands de soupe ont inventé la maxiturisation : ça ne pouvait, ça ne DEVAIT pas marcher ! Mais comme à chaque fois que je sous-estime la bêtise humaine, je me plante…

11-13-Apple

Point d’honneur : En vue d’une intervention orale que je dois faire à Paris en mars prochain, je me documente pas mal sur Georges Pompidou, en ce moment. J’ai ainsi eu la surprise de voir que le personnage ne ressemblait que d’assez loin à l’image caricaturale que j’en avais jusqu’alors : je le prenais pour un bourgeois, c’était un fils d’instituteur d’origine paysanne ; je le prenais pour un banquier, il n’a jamais eu le profil du métier bien qu’il ait effectivement occupé un poste-clé à la banque Rotschild, sans avoir pourtant jamais suivi la moindre formation continue pour travailler dans la finance ; je le prenais pour un apparatchik du gaullisme, ses rapports avec le mouvement en général et le grand Charlot en particulier sont loin d’avoir toujours été idylliques ; je le croyais aveuglé par le progrès technique et le culte de la croissance, il était loin de se désintéresser des questions écologiques et avait senti venir la fin des « trente glorieuses », conscient qu’une expansion continue est impossible. Bref, vous l’avez compris : si je m’étais laisé aller, j’aurais fini par le trouver sympathique ; je me suis donc dépêché de me replonger dans mes Charlie Hebdo des années 1970 pour entretenir ma saine détestation de tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à un homme de pouvoir ! À BAS LES CHEFS ! Un point, c’est tout.

01-07-Je suis Charlie 02-Pompidou

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