Dans le sixième tome de la série Voltaire mène l’enquête, le philosophe a pour mission de résoudre un crime et d’identifier l’origine d’une épidémie de peste qui affole le tout Paris. Avec à ses trousses un Anglais, la police et un frère qui ne lui veulent pas que du bien, l’homme des Lumières se retrouve au centre d’une intrigue survoltée, pour mon plus grand plaisir.
Un Voltaire peut en cacher un autre Caché de ses détracteurs dans la propriété provinciale de sa maîtresse la marquise du Châtelet, Voltaire mène la grande vie. Par ennui, il a lancé de grands travaux de rénovation dans le château, convoqué bâtisseurs et jardiniers et mène tout ce beau monde à la baguette. C’est sans compter sur les vaines tentatives d’un mystérieux assassin qui met son cœur à l’ouvrage pour réduire la philosophie à néant.
Heureusement, un Anglais du nom de Mister Hyde sauve la mise à Voltaire, et lui conseille de s’exiler à Londres. Cela tombe mal, le philosophe est appelé à Paris pour enquêter sur un crime et une épidémie de peste. Direction donc la capitale, accompagné de ses acolytes, l’encombrant l’abbé Linant et la pétillante Madame du Châtelet. Le tout incognito, bien sûr : nombreux sont les ennemis qui lui courent après, à commencer par la police, les hommes de Dieu et un certain Armand Arouet qui ne rêve que de son bûcher.
Dans ce sixième tome, Frédéric Lenormand prend un malin plaisir à dissimuler son philosophe préféré. Pour cela, il use de tous les stratagèmes qui se présentent à lui : il le déguise en médecin, lui fait porter un masque et l’échange même avec son frère Armand qui le déteste mais fait une parfaite doublure. Comme à l’accoutumée, les situations burlesques et cocasses s’enchaînent et Voltaire, monté sur ressorts, sème la pagaille partout où il passe. Fous rires garantis.
Cette fois-ci, je me suis particulièrement amusée à repérer les innombrables références dont l’auteur a truffé son texte. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’en est donné à cœur joie. Tout y passe : citations littéraires (L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Stevenson), faits historiques (l’assassinat de Marat), culture populaire (les galettes Saint-Michel), chansons des Beatles (Help!) et même certains bons mots de nos chers hommes politiques contemporains (il est notamment question de penser en se rasant et de sans-dents). Frédéric Lenormand a de l’humour, et il sait le montrer. Mention spéciale au travail d’écriture, très riche en synonymes, métaphores et hyperboles parodiques, qui constitue à lui tout seul une bonne partie du comique.
Au travers d’une intrigue hilarante au rythme survolté, Frédéric Lenormand dépoussière le roman historique et redonne son grain de folie à un Voltaire trop souvent présenté aujourd’hui comme le philosophe sérieux qu’il n’était pas toujours.
Docteur Voltaire et Mister Hyde de Frédéric Lenormand, JC Lattès, 2016, 338 pages Je remercie les éditions JC Lattès pour cette lecture.
A lire aussi : mon avis sur La baronne meurt à cinq heures (Voltaire mène l’enquête, tome 1).