Magazine Humeur

La petite semaine du professeur Blequin (1)

Publié le 27 mars 2016 par Legraoully @LeGraoullyOff

Et oui : arrivée du printemps oblige, une soif de renouveau me prend. Après « Le Graoully du dimanche » et « Un point, c’est tout » voici « La petite semaine », une troisième formule qui conjugue les avantages de la première formule (clarté) et ceux de la seconde (souplesse). Je n’ai malheureusement pas eu le temps de dessiner un nouveau logo, mais patience. Allez, trêve de billevesées…

LUNDI 21 MARS

Fluide glacial
Bien reçu mon Fluide Glacial Série or : je n’ai pas encore eu le temps de le lire en détail mais j’ai déjà pu apprécier comme elle le mérite l’histoire d’Isa dans laquelle cette dessinatrice, qui a bercé ma pré-adolescence avec son excellent Puddingham Palace, taille un costard sur mesure à Vincent Bolloré, égratignant aussi, au passage, les grandes gueules médiatiques à la botte du grand capital, depuis Barbier jusqu’à Pujadas en passant par Philippe Val – il avait dit, le 7 janvier 2015, « on a tué tous mes amis », pourtant Sarkozy est bien en vie ! Avec ce genre de BD, Isa se met définitivement à l’abri de toute critique positive dans L’Express ou sur Canal+, ce qui est un gage de qualité en soi !

10-05-Canal+-Bolloré-Les revenants 02

Sortie du clip officiel de la chanson Paris sous la pluie due à mon amie Lyz’An : évidemment, l’ensemble donne une vision largement idéalisée de la capitale qu’on ne retrouve plus guère que dans Amélie Poulain mais un clip n’a pas vocation à être bassement réaliste ; l’objectif était, après les attentats de 2015, d’illustrer le propos d’une ballade opposant à la barbarie le fameux art de vivre à la française, affirmant par là même que la vie continue malgré tout et que le mal n’aura pas le dernier mot. Je n’arrive pas à être mauvais esprit quand je parle de Lyz’An.

04-27-Lyz'Ann

MARDI 22 MARS

Godferdom, ça est un grand malheur qui frappe notre petit royaume, une fois ! Alleï, heureusement pour vous, les Français, que la Wallonie n’a pas été rattachée à votre République, ça vous aurait fait un deuil national de plus quatre mois après le 13 novembre, sauriez-vous le croire ! Mais à quelque chose, malheur est tof : pour une fois, les peï de chez vous vont savoir parler de nous sans chercher à nous faire passer pour des abrutis et puis vous saurez enfin parler de Brussels sans l’accuser de tous vos problèmes, fieu !

03-23-Je suis Bruxelles

Une femme a accouché dans un bus à Vannes : sentant les premières contractions, elle croyait qu’elle avait le temps de se rendre à l’hôpital en bus… On pourrait croire que c’est un drame du manque d’hôpitaux, mais c’est juste un drame du manque de neurones ! D’ailleurs, ce n’est même pas un drame en fin de compte puisque tout s’est bien passé et le bébé se porte bien. À tout prendre, cette jeune maman pas très prudente a eu plus de chance que certaines femmes qui accouchent dans la rue…

Pour la nouvelle-née...
Pour la nouvelle-née…

MERCREDI 23 MARS

sans-titre
Journée faste pour moi : après quatre ans d’absence graphique dans la presse locale et un an de collaboration rédactionnelle à Côté Brest j’arrive enfin à faire passer un dessin dans ce journal, profitant d’un article sur Nathalie Le Mel (1827-1921), militante féministe et anti-exploitation qu’on redécouvre peu à peu en ce moment, notamment grâce à Jacques Arnol et à la BD de Laetitia Rouxel qui devrait paraître l’année prochaine. Nathalie Le Mel était longtemps restée dans l’ombre de Louise Michel dont elle fut une compagne de combat car, contrairement à cette dernière, elle avait laissé peu d’écrits, étant femme d’action plutôt que de réflexion. Mais sa vie était un roman : fille d’un corroyeur et d’une bistrotière, adhérente à la 1ère Internationale, déléguée syndicale, communarde de la première heure, défenseuse, lors de sa déportation, des Canaques contre le colonialisme… Il faut croire que le combat conserve car ce petit bout de femme (1m50 à l’âge adulte) mourut à 95 ans sans avoir jamais renié un seul de ses engagements : devenue vieille, elle avait même refusé de continuer à percevoir une pension du journal où elle avait travaillé, le fondateur dudit journal ayant alors rejoint le mouvement boulangiste – qui était un peu le Rassemblement Bleu Marine de l’époque. Elle avait aussi réclamé, avant la Commune, l’égalité des salaires entre les ouvriers relieurs hommes et femmes ! Comme quoi la question ne date pas d’hier et, maintenant, quand un politicard macho vous dira qu’il faut laisser du temps à la société pour réaliser l’égalité entre les sexes, vous pourrez leur répondre que la société a déjà trop attendu !

Son nom, elle le signait à la pointe de l'épée d'un N qui voulait dire...
Son nom, elle le signait à la pointe de l’épée d’un N qui voulait dire…
Jacques Arnol, capitaine honoraire de frégate et érudit en activité.
Jacques Arnol, capitaine honoraire de frégate et érudit en activité.
Laetitia Rouxel, dessinatrice.
Laetitia Rouxel, dessinatrice.

Théâtre des Arts Vivants
La compagnie Claude Buchvald a proposé, dans le cadre du Chapiteau d’hiver du Relecq-Kerhuon, une représentation de son spectacle « Quelque part au cœur de la forêt : La Belle et la Bête » qui, tournant le dos à l’image trop « lissée » que les studios Disney ont donné de ce conte traditionnel, reviennent à la source et, tout en proposant une adaptation libre qui reste « tout public », rendent justice aux nombreux sous-entendus érotiques que renferme le mythe. Un spectacle qui vaut le détour, ne serait-ce que pour l’actrice Laurène Brun, belle à la scène comme à la ville…

Laurène Brun, belle à la scène comme à la ville...
Laurène Brun, belle à la scène comme à la ville…

JEUDI 24 MARS

Le télédramme
Vue dans l’édition du Télégramme de Brest parue le lendemain des attentats de Bruxelles : une photo prise par un particulier nommée Stéphane Deglos et commentée par le même en ces termes : « On y voit deux agents de sécurité de dos. C’est un hommage à tous ceux qui œuvrent pour notre sécurité. Soyons compréhensifs quand ils nous demandent d’ouvrir nos sacs. » Pour ma part, je suis effectivement compréhensif avec ces gens-là, mais ni plus ni moins qu’avec les caissières de supermarché et tous ceux qui font un boulot de merde ; en revanche, si monsieur Deglos compte vraiment sur ces braves agents pour assurer sa sécurité, c’est qu’il est victime du syndrome de Stockholm ! Tout comme monsieur Deglos et comme tous les autres travailleurs, ces agents sont préoccupés avant tout chose par leur paie de fin de mois et par le programme de ce soir à la télé : que peuvent-ils donc face à des terroristes qui, contrairement à eux, n’ont strictement rien à perdre ici-bas et VEULENT mourir ? Parfois, quand je me fais contrôler par un agent qui semble sympa et ouvert (c’est rare, mais ça arrive), je lui demande ce qu’il ferait si j’avais une kalachnikov et / ou une ceinture d’explosifs : à chaque fois, l’honnêteté le force à me répondre « pas grand’ chose »… Maintenant, continuez à faire le beau sur vos pattes de derrière si ça vous amuse, mais ne comptez pas sur vos bons maî-maîtres pour vous éviter une balle !

11-30-Etat d'urgence

Les bonnes nouvelles sont rares : Marine Le Pen a pris un bide monumental au Québec où personne n’a voulu lui parler ! Il faut dire que nos cousins d’Outre-Atlantique sont bien placés pour savoir que nous sommes tous descendants d’immigrés… Petit message pour le gouvernement de chez nous : si vous voulez vraiment retirer leur nationalité française à certaines personnes, ne perdez pas votre temps avec les terroristes islamistes qui ont déjà rompu de fait avec la communauté des citoyens français et retirez plutôt leur nationalité française à tous ces connards qui se font appeler patriotes, identitaires, nationalistes, Français de souche et caetera. Non seulement ce serait une VRAIE punition pour eux mais, de surcroît, ils le méritent bien dans la mesure où leurs discours de haine sont radicalement incompatibles avec la devise de notre République !

02-16-Le Pen 01

01-12-Déchéance de nationalité

VENDREDI 25 MARS

Jean-Marc Rouillan va repasser par la case tribunal pour avoir qualifié de « courageux » les terroristes du 13 novembre… Depuis quand est-il courageux de tirer à vue sur des gens désarmés qui voulaient juste profiter de la vie ? La preuve est faite : de même que votre serviteur s’intéresse plus au dessin qu’à la politique, Rouillan s’intéresse plus à la mort qu’à la politique ! Le gauchisme n’est pour lui qu’un alibi pour assouvir ses pulsions de mort : il aime tuer, un point c’est tout. Je ne lui souhaite cependant pas de retourner en prison : il ne mérite que notre mépris.

01-31-Gauchistes puérils

Les Rolling Stones jouent à Cuba pour la première fois de leur carrière : tout comme l’ouverture du premier Mac Donald’s de Moscou, cet événement marque une victoire de l’économie de marché sur le communisme ; les Cubains sont en train de passer d’une escroquerie à une autre, en fait ! Raul Castro a bien vu qu’il n’est pas si difficile de devenir respectable aux yeux des États-Unis : il suffit de troquer son drapeau rouge contre un billet vert, pas besoin de changer quoi que ce soit dans le domaine des droits de l’Homme ou de la répartition des richesses. Pour revenir aux Stones, le plus dur a été de contenir Mick Jagger : devant les Cubaines, le seul moyen de calmer ce vieux queutard a dû être la ligature des genoux ! Quant à Keith Richards, il a pu faire du tourisme incognito : non seulement personne ne le connaissait sur l’île mais, de surcroît, avec sa gueule marquée, il ne dépareillait pas au milieu des campesinos locaux !

02-06-Cuba
11-09-Rolling Stones

SAMEDI 27 MARS – DIMANCHE 28 MARS

Je donne demain, au Chapiteau d’hiver du Relecq-Kerhuon, une conférence décalée sur le thème « Peut-on rire de rien ? » ; cela dit, j’ai été le premier surpris d’apprendre qu’un journal local, dont je ne citerai pas le nom, m’avait interviewé pour présenter l’événement ! En fait, la journaliste, dont je tairai également le nom, s’était bornée à recopier le dossier de presse que j’avais envoyé aux médias locaux en lui donnant la forme d’une interview : donc, si d’aventure vous tombez sur l’article en question, ne vous étonnez pas si mes réponses vous paraissent quelque peu mécaniques… Il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard (ah ! ah ! même pas fait exprès !), je vous l’accorde, mais dans un sens, c’est dommage : je ne refuse jamais de répondre aux questions des journalistes et j’aurais été ravi de pouvoir m’entretenir, fût-ce quelques minutes, avec cette dame ! Une prochaine fois, peut-être…

03-17-Conférence décalée - au Relecq-Kerhuon

Le Relecq-Kerhuon
Puisque je vous parle du Chapiteau d’hiver du Relecq-Kerhuon, je continue : il faut savoir que la commune du Relecq-Kerhuon est reliée à celle de Plougastel-Daoulas par le pont de l’Iroise qui enjambe l’embouchure de l’Elorn. Jusqu’ici, ça va ? Si ce n’est pas clair, vous pouvez toujours vous reporter à la carte. Bref, un soir, mes amis du Théâtre Vivant, qui organisent les festivités au Chapiteau d’hiver du Relecq-Kerhuon, avaient mis la sono un peu trop fort (ça arrive) et on entendait la musique de l’autre côté du pont, c’est-à-dire, vous l’avez compris si vous suivez, jusqu’à Plougastel-Daoulas. Il n’en a pas fallu plus pour que mes amis reçoivent la visite des gendarmes, qui avaient reçu une vingtaine d’appels ! Je vous laisse imaginer à quel point le dialogue a dû être facile entre ces braves pandores et mes amis au look de rasta ! Je vous laisse aussi imaginer la tête que les cognes ont dû tirer quand ils ont entendu de vive voix le maire du Relecq et son adjointe à la culture leur confirmer que les festivités étaient on ne peut plus légales… Mais là où l’affaire est surréaliste, c’est que toutes les plaintes émanaient TOUTES de Plougastel-Daoulas ! Pas UN SEUL résidant du Relecq, où le bruit devait pourtant être autrement plus gênant que de l’autre côté du pont, n’avait appelé les gendarmes ! Ce n’était donc pas tant une histoire de nuisance sonore qu’une question de mentalité et de tolérance : visiblement, sur les rives de l’Elorn, il suffit de passer le pont pour passer du village d’Astérix à celui du Maréchal Pétain !

Le Relecq-Kerhuon et Plougastel

À dimanche prochain si on veut bien !

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