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et jouissons du grain de sable

Publié le 06 juin 2016 par Les Alluvions.com
Le bleu du ciel revenu, après la diluvienne semaine passée, il est somme toute logique de revenir  vers les mots qui inaugurèrent ce que j'ai appelé le roman du hasard, les mots de Georges Perros dans La vie ordinaire, que j'ai plaisir à redonner ici :
"(...)
J'aimais me sentir dans le vent
dans le blé bleu qui pique aux jambes
le blé n'est pas bleu je le sais
mais un mot en amène un autre
et tout a la couleur du ciel
quand notre œil est en nouveauté "
 Mots qui entraient en résonance avec d'autres mots, ceux de Tony Hillerman décrivant le geste d'un apprenti-chaman laissant filer entre ses doigts les grains de sable bleu formant l'extrémité d'une plume solaire.
 

et jouissons du grain de sable

Source 


Poursuivant ma lecture quotidienne du recueil de Perros, je découvre hier page 111 ce court poème sans titre (aucun titre d'ailleurs dans ce recueil qui se veut roman poème) :
Certains disent très courageux
j’aurais mon heure C’est à peine
si je m’espère une seconde
dans le grenier de mon prochain
Je n’en suis pas le moins du monde
amer ou triste ou malheureux
Mourir de même ne me semble
ni injuste ni ténébreux
Je ne suis pas né pour me plaire
mon état de vie c’est la guerre
qu’un jour je me suis déclaré
et ce passage entre les cieux
et ce qu’on appelle la terre
me ferait plutôt l’effet d’être
comme un cadeau non dénué
de l’humour le moins contestable
Connaissons-en la vanité
et jouissons du grain de sable
blé de la mer qui le travaille.

et jouissons du grain de sable
blé
de la mer qui le travaille.

Le sable et le blé, écho par mes soins repéré, se suivent ici sans autre forme de procès. Ici encore, un mot en amène un autre, les syllabes ble (bleues ?) s'enchaînent, son et sens accordés, blé et sable étant affaire de grains (et renvoient si l'on veut au "grenier du prochain", au tout début du poème).

et jouissons du grain de sable

dans le sable aquitain



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