Magazine Journal intime

Déménagement ?

Publié le 23 juin 2008 par Anned

 

(ou l'une des joies de l’expatriation)

Louer sa maison à des boîtes terriennes pour leurs expats, c’est un business qui sur toutes les planètes rapporte gros aux propriétaires immobiliers, sur Mars comme ailleurs. Le créneau est en général étroit, en terme de type de logement et de situation géographique (quartiers des écoles terriennes…), alors les Martiens ne se privent pas de louer leurs biens très cher à ces Terriens, qui, c’est bien connu, sont pleins de fric.

Gaston travaille pour un groupe terrien implanté dans le monde entier et dont l’un des traits de la culture d’entreprise est de refuser de dépenser des sommes folles en futilités. Les billets d’avion en classe affaires sont l’une de ces futilités, les loyers des maisons en sont une autre. Il n’y a là de ma part aucun jugement, seulement un constat qui s’appuie sur notre passage par cinq filiales de ladite société en dix-sept ans. D’ailleurs je ne crache pas dans la soupe et je suis reconnaissante que – entre autres - mes cours de martien dans la meilleure école de langue de la galaxie n’aient eux, par contre, pas été considérés comme une futilité.

Précisons de plus que sur Mars, l’inflation se situe probablement au-dessus de 20% par an. Tout le monde – particuliers, médias, entreprises - est d’accord sur ce point, sauf le gouvernement local qui persiste à tremper le thermomètre de la fièvre inflationniste dans l’eau glacée pour dire qu’il n’y a pas de fièvre justement.

Tout cela pour en arriver au problème qui depuis trois jours m’occupe et me mets à cran : le contrat de location de la maison que nous occupons depuis notre arrivée sur Mars expire dans quelques semaines ; Gaston et moi souhaitons la reconduction du contrat ; le propriétaire veut bien nous garder à condition que son loyer soit augmenté de 30%, ce qui vu ce qui précède semble raisonnable ; et la DRH – martienne pourtant - qui trouve que c’est trop, veut nous faire déménager.

Non seulement je doute que l’action des Don Quichotte de la DRH d’une boîte terrienne isolée soit de quelque influence sur les moulins à vents de l’inflation martienne, mais ce qui me mets hors de moi par-dessus tout, c’est que ces gens des « Ressources Humaines » - tous unanimement persuadés qu’ils SONT la boîte – soient si peu dans l’humain justement. Parce que Don Quichotte oublie que ce qu’il embroche au passage dans son autiste galop, c’est la vie d’une famille entière qui n’a rien demandé.

Ainsi, je suis la seule dans l’histoire qui n’a pas voix au chapitre, mais c’est moi – et moi seule - qui récupèrerai 150% des emmerdements ! Rien que l’idée de la liste des changements d’adresse me donne le vertige.

Et puis il y a aussi ce préjugé tenace selon lequel, parce que je suis femme d’expat, j'occupe mes journées à lire le dernier bouquin à la mode sur Terre en sirotant un café, ou bien à faire les boutiques avec mes oisives semblables. Sous entendu : visiter 30 maisons en deux semaines et déménager ma tribu avec armes et bagages pour faire économiser trois cacahuètes à la boîte, n’est que la juste contrepartie des vacances permanentes que l’on m’octroie.

D’un côté, j’ai envie de faire ma tête de lard et de traîner les pieds jusqu’à ce qu’on m’apporte sur un plateau, mais dans trois semaines, des RdV pour des visites de maison, histoire de faire traîner les choses au maximum et de faire suer cette inhumaine directrice des ressources humaines qui m’ignore avec superbe depuis deux ans. Mais de l’autre, parce que j’aime malgré tout un tout petit peu mon-Gaston-à-moi qui préfèrerait n’avoir à penser qu’à sa chère usine, et aussi parce que l’expérience prouve que les agents immobiliers contactés par les DRH ne vous montrent que les maisons les plus nulles du marché, je vais me mettre en campagne sans attendre.

Dans le même temps je ne désespère pas que Gaston parvienne à faire se rapprocher les points de vue et les budgets de la DRH et du propriétaire de notre maison actuelle.

Enfin, samedi soir, j’ai eu l’occasion de bavarder de façon inattendue avec des lectrices enthousiastes de mon blog. Je ne m’y attendais pas, et ça, ça me donne la pêche ! Comme quoi, je fais autre chose de mes journées que dépenser un argent que je n’ai pas gagné.

Sur ce, je m’en vais téléphoner à un autre agent immobilier, vu que par la faute de la DRH, je parle martien couramment.


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