Peut-on aujourd'hui imaginer une personnalité publique assez appréciée des Français pour rassembler plus de 2 millions de personnes le jour de ses obsèques ? C'est pourtant l'histoire vraie des obsèques de Victor Hugo, brillamment romancée par Judith Perrignon.
Quatrième de couverture : Vibrez de la ferveur et de la fureur de Paris, vivez les funérailles de l'Immortel.
Le poète vient de rendre son dernier souffle et, déjà, la nouvelle court les rues, entre dans les boutiques, les ateliers, les bureaux. Paris est pris de fièvre. Chacun veut rendre un dernier hommage et participer aux obsèques nationales qui mèneront l'Immortel au Panthéon. Deux millions de personnes se presseront sur le parcours du corbillard en ce jour de funérailles intense et inoubliable. D'un événement historique et en tout point exceptionnel naît un texte intime et épique où tout est vrai, tout est roman.
Mon avis : J'ai été agréablement surprise par ce roman à plus d'un titre. D'abord, l'entreprise de Judith Perrignon est audacieuse : il est risqué de prendre un monument tel que Victor Hugo comme personnage central de son roman. Elle réussit pourtant avec superbe le pari de décrire les derniers instants du poète dans un huis clos intime qui contraste avec les descriptions tout en tension de l'émotion qui monte dans les rues de Paris.
Des "misérables" aux Communards, des membres du gouvernement aux fervents catholiques, tous sont suspendus à l'annonce imminente de la mort du poète. Et déjà, certains se récitent ses vers appris par cœur, d'autres se disputent son héritage. Certains observent attentivement cette foule incontrôlable qui s'émeut bien vite et s'apprêtent à la réprimer, d'autres militent pour que le gouvernement retire le Panthéon des mains de l'Eglise pour y inhumer Hugo et en faire la dernière demeure des Grands Hommes. Victor Hugo rassemble et divise tout à la fois.
Judith Perrignon saisit des instants de la vie parisienne, dans la rue, dans les ateliers, dans les rédactions des journaux, autour du lit de mort du poète. Elle dresse un tableau réaliste et très bien documenté de la société française en 1885, de ses clivages sociaux et politiques. La balance entre le huis clos et l'émotion de la foule rend le récit vivant, à la fois intime et épique. On se croirait dans Les Misérables et dans Les Châtiments. L'hommage au poète est d'ailleurs permanent, dans les personnages, dans les dialogues, dans les références littéraires et dans le style vif et piquant de Judith Perrignon.
Ouvrir ce roman, c'est remonter le temps pour vivre des jours historiques qui ont marqué le pays. C'est comme si on y était.
Le livre :
Victor Hugo vient de mourir de Judith Perrignon Editions Pocket (2017), 165 pages Publié initialement aux éditions L'Iconoclaste (2015)
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.