Cela faisait un bon moment que je le cherchais, ce nouvel auteur de polars prompt à hanter mes nuits et divertir mes séances de solarium, tel un Doublas Kennedy
(déjà longuement évoqué sur ce blog), Harlan Coben, Robert Crais ou encore une Elizabeth George, Carlene Thompson, Joy
Fielding.
Et bien, ce polardeux talentueux, je l'ai trouvé, en la personne de Stieg Larsson et pour le coup, il faut avouer qu'on est à des kilomètres du style anglo-saxon avec ce dernier-né de la grande
école suédoise. Néanmoins, et bien qu'ayant le vent en poupe en Europe et ailleurs, de cette littérature scandinave qui fait froid dans le dos, je n'en avais que très peu goûté si bien que le
rapprochement le plus naturel s'est opéré avec notre compatriote Fred Vargas, passée maître dans le thriller socio-historique plutôt qu'avec le sien, de compatriote. J'ai nommé le bien connu, et
à juste titre, Henning Mankell, l'autre maestro du genre au royaume des vikings, du protestantisme, des trolls, des forêts de pins à perte de vue mais aussi de la social-démocratie, de la liberté
sexuelle et du modernisme, ah ce royaume de toutes les contradictions et de tous les paradoxes (je me souviens de cet incroyable week-end à Stockholm...).
Et vous vous dites, en voilà un merveilleux terreau que l'observation et la critique de l'idéal suédois, que les climats et les tempéraments nordiques pour camper et enrichir une intrigue
policière. Et vous voyez juste. Particulièrement quand viennent s'y ajouter la plume claire et fluide de cet ancien journaliste économique Stieg Larsson, et son sens obtu du détail, sa rigueur
dans la construction en puzzle du récit et son imaginaire sans borne pour faire vivre des personnages psychologiquement hauts en couleurs.
Mikael Blomkvist, rédacteur en chef d'une revue très en vogue et Lisbeth Salander, hackeuse autiste placée sous curatelle forment le duo improbable et pourtant tellement vivant et jubilatoire -
l'un en quête de rédemption, l'autre en proie à des désirs très avoués de vengeance - de cette trilogie Millenium.
Car oui, il s'agit d'une trilogie, de l'histoire en trois actes des deux compères borderline, une histoire qui suit a priori une trame chronologique, je dis bien a priori puisqu'il me reste à
engloutir le dernier tome tout juste paru en France et qui ne devrait pas tarder dans ma boîte aux lettres... Je m'en réjouis d'avance, de ce nouveau pavé de 600 pages délicatement brochées au
touché satiné (merci Actes Sud), gardant en mémoire à la fois l'étonnement permanent provoqué par la lecture du premier volume intitulé les hommes qui n'aimaient pas les femmes et le
bouillonnement intellectuel mêlé de frisson du second volume au titre non moins original, la fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette.
Et si je pressens qu'il ne passera pas la semaine, je sais aussi combien je savourerai chacune des pages de cette reine dans le palais des courants d'air qui viendra clore l'aventure
Millenium, et ce jusqu'au dernier mot, pour la simple raison que ce sera l'ultime de feu Stieg Larsson, décédé d'une crise cardiaque quelques jours après avoir remis le manuscrit de cette oeuvre
remarquable à son éditeur. Et merde.
Un clic pour l'avoir aussi dans votre boîte aux
lettres, si ça vous dit...