Il est l'un des hommes les plus haïs d'Amérique : Joe Kennedy, le père du président JFK, prêt à tous les sacrifices pour établir l'un des siens à la tête de l'Etat. Dans un roman biographique intime et documenté, Danièle Georget nous fait entrer dans la tête de cet homme sulfureux et déterre sa part d'humanité.
Quatrième de couverture :
Un vieillard tout-puissant frappé d'un AVC l'année même où il a atteint le but de sa vie - l'élection de son fils à la Maison Blanche -, voilà qui ressemble à une punition divine. Si on ajoute la mort violente de quatre de ses enfants, et même la condamnation d'un cinquième, Rosemary, victime d'une terrible erreur médicale, on a, réunis, tous les ingrédients de la malédiction. Joe Kennedy (1888-1969) a inventé la politique au XXème siècle. Dans la conquête du pouvoir, il s'est réservé "la part du diable". Près de cinquante ans après sa mort, l'un des hommes les plus détestés de son siècle est magistralement tiré du silence par Danièle Georget : voici le roman vrai et intime d'une famille légendaire. La sacrée histoire d'un Irlandais magnat de Hollywood, qui fut le véritable inventeur des Kennedy.
Mon avis : L'histoire a retenu un Joe Kennedy froid et calculateur, mû par la rage brûlante qui l'entraînera à prouver que lui, l'Irlandais catholique issu d'une famille modeste, vaut mille fois mieux que les nantis protestants qui l'ont rabaissé toute sa vie. Homme d'affaires et magnat d'Hollywood, il ne cessera, à coups d'intrigues et de millions de dollars, de faire sa place et celle des siens dans une classe politique hypocrite et xénophobe. Pour finalement parvenir, en 1964, à placer son fils à la tête du pays.
Il y a un côté épique dans cette biographie romancée qui, on le sait, finit mal. Lire Moi, Joe Kennedy, c'est entrer dans l'esprit du patriarche. C'est aussi surtout toucher du doigt la malédiction qui a frappé cette famille et vivre la résilience d'un père qui porte sur lui la culpabilité d'avoir mené à la mort quatre de ses enfants et fait enfermer une cinquième.
Dans ce roman intime et fascinant, Danièle Georget nous fait entrer au cœur du mystère Kennedy. Elle met en scène un Joe sévère, injuste et coureur de jupons, n'hésitant pas à humilier femme et enfants pour ne pas perdre de vue son objectif. Pour autant, le portrait qu'elle dresse est celui d'un homme profondément pacifiste, aux idées politiques progressistes et soucieux, au fond, de protéger sa progéniture par tous les moyens, furent-t-il d'empêcher la guerre. Danièle Georget réhabilite cet homme dans toute sa complexité avec brio.
Le livre : Moi, Joe Kennedy de Danièle Georget Editions Fayard (2017), 440 pages
Je remercie les éditions Fayard pour cette lecture.