Le journal du professeur Blequin (4)

Vendredi 1er décembre

12h : Dans le hall de la fac de lettres de Brest, des étudiants ont mis en place quelques animations liées à Noël, dont un « mur des bêtises » où chacun peut écrire ce qu’il a eu à se faire pardonner au cours de l’année 2017. La tentation est trop forte, j’écris « J’ai voté Macron ». Mon interlocutrice m’approuve en me disant « belle bourde », mais je tempère en rappelant que « je n’avais pas tellement le choix »…

18h30 : Je me passe inlassablement la série animée « Iznogoud » qui avait été produite et diffusée au milieu des années 1990 : ça ne vaut évidemment pas la BD mais on rigole bien, ne serait-ce que grâce à Gérard Hernandez, qui mérite mieux que son simple statut de vedette de feuilleton soi-disant comique bon marché, et qui avait trouvé le ton juste pour doubler le méchant grand vizir ! Enfin, méchant… Plus ça va, et plus je me dis que ce gros patapouf de calife Haroun el Poussah a bien de la chance d’avoir un collaborateur qui pense à tout pour lui et qui, surtout, est trop bête pour réussir à prendre sa place ! C’est à ces deux caractéristiques qu’on reconnait les bons premiers ministres ! Ajoutez à ça qu’Iznogoud est un véritable visionnaire qui a inauguré une station de sports d’hiver en plein désert bien avant l’ouverture de celle de Dubaï, a expérimenté l’affiche en trois dimensions longtemps avant Avatar, est même allé dans l’espace bien avant Gagarine et vous comprendrez mieux pourquoi le calife lui fait une confiance aveugle ! Alors bravo, Iznogoud, vive Iznogoud !

21h : Le « yéti » était donc en réalité, comme le supposait le capitaine Haddock, un simple ours un peu plus à l’aise que les autres sur ses pattes de derrière. D’ici à ce qu’on découvre que « Nessie » n’était qu’une loutre un peu mieux nourrie que les autres comme le résumait Obélix, il n’y a pas loin. D’aucuns déploreront que le monde du rêve soit tenu en échec par la « bande au professeur Nimbus » ; qu’ils se rassurent, l’imagination n’est pas près de perdre ses droits : la preuve, il y a bien eu des gens qui ont cru que François Fillon aurait fait un bon président !

22h30 : Je m’aperçois, en tapant ces lignes, que je me réfère décidément beaucoup aux BD qui ont marqué ma jeunesse, peut-être même plus qu’aux références que je suis censé avoir acquises à l’Université. M’en tiendra-t-on rigueur ?

Samedi 2 décembre

14h30 : Arrivée sur la Z.A. du Vern où les gérants de la ferme de Traon Bihan, la ferme bio de Brest, organisent un week-end festif pour protester contre la menace qui pèsent sur les terres où ils font paître leurs vaches. Je me mets dans un coin pour exécuter quelques dessins destinés à soutenir la cause ; rapidement, j’ai le sentiment de retrouver mes sensations de l’époque où je suivais mes parents en weekend à la campagne. Je peux donc ajouter cet argument au plaidoyer pour les fermiers : ce n’est pas dans un « ‘éco-quartier » pour bobos que je retrouverais de telles sensations ! Oui à l’agriculture bio et non à la gentrification !