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Le journal du professeur Blequin (10)

Publié le 12 décembre 2017 par Legraoully @LeGraoullyOff

Lundi 11 décembre

Le journal du professeur Blequin (10)
13h30 : Les fidèles du Graoully se rappellent peut-être des dessins de Joël Heriman. Sachez qu’il continue à dessiner, il a même envoyé un dessin récemment au Républicain Lorrain pour commenter les décès successifs de Jean d’Ormesson et de Johnny Hallyday. Le quotidien a refusé le dessin… Mais Joël a eu la mauvaise surprise de retrouver son idée reprise dans le Répu par le dessinateur maison du journal ! Un peu gros pour être une simple coïncidence… D’un autre côté, drôle d’idée d’essayer de se faire publier dans le « journal de la vieille droite rance » : faut-il qu’il y ait peu de supports pour que Joël soit contraint d’en arriver là ! Cette anecdote illustre bien la situation actuelle du dessin de presse : trois ans après Charlie, les patrons de presse ont eu le temps d’oublier leurs belles paroles qui n’étaient, une fois de plus, que du vent…

Le journal du professeur Blequin (10)
Robert Ménard vu par votre serviteur

21h30 : Robert Ménard a de nouveau fait parler de lui avec une affiche faisant la promotion du TGV : on y voit une femme ligotée sur des rails de chemin de fer et l’affiche clame « Avec le TGV elle aurait moins souffert ! » Face à la polémique, le maire de Béziers se défend en affirmant : « C’est de l’humour. Dans ce cas, il faut interdire Charlie Hebdo et brûler les revues Hara-Kiri. » Quelqu’un pourrait-il expliquer à Robert Ménard qu’il est maire d’une grande ville et non pas humoriste et qu’une campagne d’affichage payée par une municipalité n’a PAS DU TOUT la même signification qu’une image publiée dans un journal satirique ? Oui, Hara-Kiri a souvent fait des fausses pubs qui étaient dans cet esprit, mais c’était justement pour dénoncer le cynisme des vraies campagnes publicitaires : dans le mensuel « bête et méchant », cette image aurait trouvé sa place pour dénoncer la généralisation du TGV, pas pour la défendre ! Et puis « c’est de l’humour », comme défense, ça me rappelle ce que disaient mes « camarades » de collège après m’avoir martyrisé : ça, je me suis marré, vous n’avez pas idée !

Mardi 12 décembre

11h00 : François-Régis Hutin, le patron de Ouest France, est mort à 88 ans. Je repense à cette phrase de Mitterrand : « Après moi il n’y aura plus que des financiers et des comptables. » Bien vu, l’aveugle : ça s’est vérifié en politique et ça se vérifie également dans les médias. Hutin était sans doute l’un des derniers grands patrons de presse à avoir fait d’autres écoles que HEC : Wolinski disait qu’au temps où régnaient des magnats de la presse comme Pierre Lazareff, on n’aurait pas pensé un seul instant qu’on en arriverait à regretter « l’ère Lazareff » ; et pourtant… On pouvait ne pas être toujours d’accord avec les idées de patrons comme Lazareff ou Hutin, on pouvait désapprouver leurs méthodes de gestion, mais on ne pouvait pas ne pas les respecter. Sans son capitaine historique, est-ce que le quotidien du grand Ouest va pouvoir subsister sans être une proie rêvée pour les requins pour lesquels un journal ne sert qu’à engraisser les actionnaires et les annonceurs publicitaires ? Oui, je l’avoue, je le regrette déjà : on en retrouvera pas de sitôt, un éditorialiste qui défendait des causes aussi impopulaires que celles des migrants et des prisonniers…

Le journal du professeur Blequin (10)


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