Le journal du professeur Blequin (20)

Jeudi 4 janvier

12h30 : Fidèle abonné, j’accuse bonne réception de mon exemplaire du numéro 500 de Fluide Glacial. 500 ! Le grand Gotlib aurait-il lui même imaginé une telle longévité il y a 43 ans ? A vrai dire, la question ne se pose pas : après le spécial 40 ans publié en 2015, le spécial Gotlib paru après la mort du maître et le spécial « Pionniers » paru il y a quelques mois, le temps n’est plus à s’appesantir sur le passé et à honorer ad libitum la mémoire des grands anciens mais bien à porter ses regards vers l’avenir et les nouveaux talents : tel est le « message » que la joyeuse équipe de notre compatriote lorrain Yan Lindingre souhaite faire passer avec cet imposant numéro de 180 pages dont une importante partie est consacrée aux représentations plus ou moins fantaisistes de ce à quoi ressemblera peut-être la revue d’umour et bandessinées quand sortira son numéro 1000… Parler de message peut sembler excessif pour ce qui n’est sans doute qu’un simple exercice de style déconnant, mas il est difficile de ne pas y penser quand on voit mes compatriotes bretons Julien Solé et Arnaud Le Gouëfflec représenter les nostalgique du Fluide noir et blanc sous les traits d’une organisation sectaire ressemblant fort au Ku-Klux-Klan ; toujours dans cet esprit « fuck le passéisme » , le rédacteur en chef lui-même, dans son édito, épingle, à juste titre, les anciens lecteurs qui lui sortent « je lisais Fluide quand j’étais au lycée », sous-entendant par là que lire un journal d’humour serait l’apanage de la jeunesse voire de l’enfance et que la maturité n’arriverait que quand on ne lit plus que des trucs chiants : j’espère que je resterai immature longtemps !

Vendredi 5 janvier

13h30 : Les modérateurs de groupes Facebook qui se prennent pour des rédacteurs-en-chef, quelle plaie ! Je viens de recevoir un message de l’un d’eux qui me demande de publier dans son groupe non pas des liens vers mon blog ou vers le Graoully mais bien d’y publier directement mes dessins. Depuis, je cherche une manière polie de lui expliquer que mon intérêt premier est d’avoir des visites sur les sites que je gère et non pas de faire de mon travail la propriété effective de Zuckerberg. Je sais bien que les internautes sont de plus en plus fainéants et préfèrent avoir tout directement à leur disposition sur les réseaux sociaux sans même devoir passer l’intermédiaire d’un lien, mais tant pis.

Samedi 6 janvier

14h : Le Télégramme annonce la sortie chez Fluide Glacial (comment ça, « encore » ?) de Mondo Reverso, l’album d’Arnaud Le Gouëfflec et Bertail (dont le dessin, très raffiné, devrait faire taire quelques rouspéteurs, soit dit en passant) : sans doute emporté par la joie de pouvoir rendre hommage à un authentique talent de chez nous, le journaliste a attribué à monsieur Le Gouëfflec la paternité des Zumbies alors que les premiers scénarios de cette excellente série mêlant anticipation, humour noir et rock’n’roll, sont dus au cerveau génialement malade de Yan Lindingre et que sa première apparition remonte à l’an de grâce 2009 et non à l’année 2015 comme l’écrit le même journaliste en se basant sur les seuls épisodes écrits par Le Gouëfflec… ‘Faut se renseigner un peu avant, quoi !

18h50 : Demain, 7 janvier ; Charlie Hebdo, trois ans déjà… Si j’ai une tête de six pieds de long, il ne faudra pas demander d’où ça vient !

Arnaud Le Gouëfflec (vu par votre serviteur) avec une petite fille.