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L'Orageux 2 (inédit)
Publié le 15 mars 2018 par YannbourvenProserpine se retrouva vite hospitalisée... Puisqu'elle tenta de se tuer. Par la fenêtre de sa chambre elle observait la chambre mortuaire, il y bruinait des corps morts de vieillesse, ou des hommes et des femmes terrassés par la Sainte Peste, c'est à dire morts de résignation... Sa mère Cérès lui rendit visite le lendemain, ses cheveux bruns étaient truffés de pépins de grenade, elle s'ébouriffa, pourquoi es-tu venue maman ? Je l'aime encore, j'aime Pluton, je n'ai que lui. - Mais je suis là, moi ! Je te protégerai ! Tu es si jeune... Cet homme est dangereux, regarde-moi... je ne peux pas lutter... Tu es si bornée... Tu devrais me remercier, me baiser les pieds car je t'ai cherchée pendant 9 jours et 9 nuits, je n'ai même pas appelé la police, j'ai traîné, dans les rues sordides, dans les bars puants, je t'ai cherchée... Si tu le souhaites tu passeras désormais la moitié de l'année chez moi, à la maison, dans ton île chérie... Tu veux ? - Je vais y réfléchir, maman... Le monde souterrain me manque... Pluton me manque... Rends-moi mon portable, je parie qu'il m'a appelée... N'est-ce pas ? Montre-moi ! Il est cruel... mais c'est l'homme de ma vie. - Je dois rentrer, ma télé est restée allumée... Ça consomme ces choses-là, tu me comprends ma fille ! Mais je reviendrai te voir en fin de semaine... Surtout ne lui réponds pas... Ce type te veut du mal ! - Va t-en maman.
Des vagues métalliques la submergeaient pendant qu'elle dormait. Des morts démembrés se collaient à ses tempes en feu, lassés d'attendre l'au-delà, ils suppliaient une quasi morte de les aider à traverser ce Styx de barbelés organiques. Mais elle restait allongée, en nage, vivement le valium, rendez-moi mon portable, bordel ! Pluton, je t 'en supplie ne me trompe pas... ou je m'éclaterai le crâne contre les parois du diable, m'arracherai les ongles dans des égouts polaires, me ferai péter les dents par des abrutis sous md dans les chiottes du bar de nuit de la rue des Martyrs... Reviens, je t 'attends dans mon système désolaire, face à cette horreur de chambre mortuaire, si tu reviens je rirai...
Tu as perdu tes yeux noirs, globes épongés roulant à travers l'espace-temps, deux anges échaudés piquant comme des kamikazes sur des cibles enracinées dans la terre d'Europe, éternelles, malgré quelques guerres platines. Sur les routes endormies je vois tes yeux noirs. Exils des rêveurs. Vers quelque ville digitale. Je te vois, ma Proserpine, t'endurcir dans ton lit agricole. De l'amitié précise entre deux contrées. M'avouant vaincu malgré ces marches gravies, je cède tout de même face au soleil défait. J'accepte de finir... mais avant laissez-moi m'étourdir comme un homard bavard, et laissez-moi plonger de mon plein gré dans cette eau bouillonnante. Ainsi je découpe vos astres immergés. Et tout fond c'est encore la vie. J'observe attentivement la collision entre deux planètes bleues-boussoles.
J'accuse directement les nations qui se saignent, qui se signent, dans une grotte qu'elles ont elles-mêmes dynamitée. Nous sommes dehors. Libres. À l'attaque ! N'ayez crainte, prenez les devants... Je m'en vais, Proserpine. Le temps que tu te retrouves.