Mercredi 18 avril
12h30 : A l’issue d’un week-end très prolongé pour cause de gros coup de pompe (ne me dites pas que ça ne vous est jamais arrivé), je me décide à sortir de ma tanière pour aller voir François Morel, venu présenter à la librairie Dialogues (Brest) son dernier livre traitant, avec son humour habituel, des amours adolescentes. J’aime beaucoup cet homme-là, non seulement parce qu’il me fait rire mais aussi pour sa tendresse, son humanité : même quand il est virulent, comme il l’a pu l’être face à Luc Ferry, son agressivité n’est jamais gratuite, il ne fait que répliquer, avec les armes de la dérision, contre l’intolérable – ce qui est d’ailleurs la définition même du travail d’humoriste et le distingue de l’activité du pamphlétaire mais est sans doute plus sensible de la part de François Morel qui, de son propre aveu, évite notamment de s’acharner sur des têtes de turc. A l’issue de la présentation a eu lieu la traditionnelle séance de dédicaces au cours de laquelle j’ai pu lui offrir la caricature que j’avais réalisée sur le vif : un présent de circonstance puisque je lui faisais signer un recueil de caricatures de Morchoisne dans lequel il avait écrit les commentaires, ce qui nous a permis d’entamer un début de conversation sur les « grandes gueules » ayant fait les beaux jours de Pilote et qui aurait certainement été fort intéressante si je n’avais pas dû céder la place rapidement à ses autres admirateurs qui faisaient la queue… Vous pouvez trouver cette anecdote dérisoire, mais je ne suis pas certain que toutes les célébrités se montrent aussi désireuses de passer du temps avec les individus qui composent leur public : j’ai bien dit avec les individus, pas avec la masse plus ou moins anonyme que constitue le public pris dans sa globalité – ça fait une sacrée différence !
16h30 : Après quelques pérégrinations journalistiques sur la rive droite de Brest, je repasse le pont de Recouvrance en tram et je peux constater qu’après deux semaines d’interruption, le téléphérique urbain a été remis en service et a de nouveau deux cabines – l’une d’elle était tombée lors d’une opération de maintenance, pas de bien haut mais suffisamment quand même pour être hors d’usage : espérons qu’il n’y ait pas de nouvel incident avant longtemps afin de ne pas donner d’argument supplémentaire aux mauvais esprits !
17h30 : On pourrait croire que les satiristes ont vitalement besoin de lire la presse en détail pour trouver l’inspiration. Il n’en est rien : il suffit généralement d’un coup d’œil rapide sur les gros titres pour prendre la température de la connerie humaine ! Ainsi, à la une de Ouest France, je peux lire « Cette Europe que veut Macron » : la question que Macron ne se pose pas, c’est si l’Europe, elle, veut bien de lui ! Je découvre aussi que François Hollande a déclaré qu’à ses yeux, « l’idée socialiste n’est pas épuisée » : c’est pourtant l’impression qu’elle nous donne quand c’est lui qui la représente !
17h55 : Mon bus est en retard. Oh, pas dans des proportions démentielles, non ! Mais le temps parait plus long quand on guette l’arrivée du véhicule debout en « compagnie » d’une foule de jeunes glands braillards excités par le soleil : comme je ne me voyais pas du tout rester debout dans le bus entouré de tous ces ados déchaînés, il me fallait être sur les starting-blocks pour pouvoir trouver une place assise et ne pas être submergé par la marée d’eau précieuse, d’où cette position inconfortable et, de surcroît, exaspérante. Je me suis senti très proche de Desproges écrivant sa « chronique de la haine ordinaire » intitulée « Non aux jeunes »…
21h : Puisqu’on en parle, vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a maintenant que Desproges nous quittait : ça m’attriste d’autant plus que pendant ce temps, Philippe Bouvard, lui, est toujours vivant !