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Le journal du professeur Blequin (76)

Publié le 23 avril 2018 par Legraoully @LeGraoullyOff
Le journal du professeur Blequin (76)Bien sûr que c’était le bon temps, mais bon.

Samedi 21 avril

20h : J’apprends que non content d’avoir relancé Burger Quiz après quinze ans de sommeil prolongé, Alain Chabat n’exclurait pas de reformer les Nuls. J’espère de tout mon cœur que ce n’est qu’une rumeur, ou alors c’est que la vieillesse est vraiment un naufrage ! Qu’on ne se méprenne pas : je suis vraiment fan des Nuls, je pense qu’à ce jour, mis à part Alexandre Astier, personne n’a fait aussi bien qu’eux en matière d’humour télévisé, je les ai toujours préférés aux Inconnus qui étaient un peu trop franchouillards à mon goût, et quand vous me parlez de « la comédie française culte de l’année 1993 », je pense tout de suite à La cité de la peur, surtout pas aux Visiteurs ! Seulement voilà, le coup de la reformation au bout de vingt-cinq ans, ça rend en général le plus mauvais des services aux bons groupes comiques : il suffit de penser à la suite des Trois frères ou aux Bronzés 3 pour s’en rendre compte ! Je frémis rien qu’à imaginer ce à quoi pourrait ressembler La cité de la peur 2… Je peux me tromper, mais je pense que dans l’intérêt général, il vaut mieux que les Nuls nous laissent sur un bon souvenir, et alors on pourra continuer à leur dire sans remords, pour tous les moments de bonheur que nous leur devons : merci Alain, merci Chantal, merci Dominique, merci Bru… Ah merde, c’est vrai ! Ah, je ne m’y ferai jamais !

Le journal du professeur Blequin (76)

Dimanche 22 avril

13h : J’ai fini de lire Les années 68 en Bretagne, l’ouvrage dans lequel Christian Bougeard raconte comment ma chère région a vécu la période charnière des années 1960-1970 : car oui, les Bretons ont été eux aussi concernés par les mutations sociétales de cette époque et il ne faut pas y voir un simple effet de l’influence du microcosme parisien. Tout d’abord, il faut savoir qu’au début de cette période, la Bretagne se sentait délaissée, comme tenue à l’écart du progrès : donc, si beaucoup de Bretons sont descendus dans les rues en mai 68, ce n’était pas pour le plaisir de foutre la merde en imitant les Parisiens mais bien pour crier leur colère face à des problèmes concrets qui les concernaient directement. Ensuite, l’un des facteurs les plus déterminants de la relative bascule à gauche de cette région traditionnellement conservatrice fut la question de l’environnement : en effet, les années 1970 furent marquées par les marées noires, dont celle de l’Amoco Cadiz, et par le projet de construction d’une centrale nucléaire à Plogoff, deux faits qui ont renforcé la conviction des Bretons d’être méprisés du pouvoir central ; il n’est donc pas étonnant que près de la moitié des Bretons aient voté pour Mitterrand qui avait promis l’abandon du projet de centrale… Mais pour en savoir plus, lisez donc cet excellent livre de Christian Bougeard, richement illustré et documenté : l’auteur n’est pas impartial et ne cache pas son parti pris favorable à ceux qui ont lutté pour changer la société, mais comment lui en tenir rigueur, d’autant que ça n’invalide absolument pas le sérieux avec lequel il a mené son enquête, mobilisant son savoir-faire d’historien pour raconter avec clarté et pédagogie cette période très particulière de l’histoire récente.

Le journal du professeur Blequin (76)
8 mai 68 : Journée régionale d’action. Un mot d’ordre : « L’ouest veut vivre ». À elle seule et malgré la pluie, Brest mobilise un tiers des manifestants de la région : le maire Georges Lombard lui-même soutient la grève et bat le pavé avec ses administrés.

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