Lundi 14 mai
20h : J’aime sincèrement le peuple juif qui a su maintenir son identité et ses traditions malgré des siècles de persécutions et de diaspora : ça ne me rend que d’autant plus insupportables les horreurs qui sont commises en son nom. Au moment même où la bande de Gaza est ensanglantée une nouvelle fois, l’Amérique de Trump inaugure son ambassade à Jérusalem : on peut difficilement faire davantage montre de cynisme et de mépris ! La chanson « Morts les enfants » de Renaud reste bien actuelle ! Pour ne rien arranger, dans les consciences et les médias d’occident, les victimes de l’Etat d’Israël semblent ne pas peser lourd face au jeune homme poignardé en plein Paris, comme si la barbarie était plus « tolérable » au Proche-Orient que chez nous… Je suis fatigué, pas vous ?
Mardi 15 mai
18h : Je me rends à l’inauguration du local des 50 ans de Kerourien pour y proposer des caricatures. Malheureusement, le ciel déjoue les promesses optimistes de la météo et la sauterie a lieu sous le ciel gris et dans le vent. J’envie ceux qui arrivent à garder le sourire dans ce genre de circonstances : pour ma part, j’y ai de plus en plus de mal. C’est d’autant plus fâcheux qu’au mal de la déprime j’ajoute celui de la culpabilité car je m’en veux de ne pas réussir à être heureux en même temps que les autres… Je suis las, mais las !
18h : Conférence à la librairie Dialogues : Hervé Hamon vient présenter au public son livre sur Mai 68. J’ai ainsi le plaisir d’entendre un vieux soixante-huitard qui ne méprise pas systématiquement ma génération : là où certains déblatèrent sur une jeunesse qui serait à leurs yeux amorphe, nihiliste et inculte, monsieur Hamon rappelle que la génération de ses petits-enfants, même si elle lit moins de livres, n’en a pas moins plus de compétences et de connaissances qu’il n’en aura jamais lui-même, et qu’elle n’a pas perdu espoir de changer la société, à cette différence près qu’elle essaie de le faire dans la douceur, par l’engagement associatif et citoyen, sans forcément jeter des pavés. Il va même jusqu’à dire que Mai 68 aura sans doute mis un terme à l’illusion suivant laquelle il serait possible de changer brutalement le monde ; en d’autres termes, il ne sert à rien d’essayer d’imiter à tout prix un mouvement qui n’a pas débouché sur une révolution et il vaut mieux trouver ses propres techniques de lutte. Message reçu !
Jeudi 17 mai
17h30 : Vous avez probablement entendu parler de René Bazin, le grand-oncle de l’auteur de Vipère au poing et sans doute ne l’avez-vous jamais connu que comme repoussoir : il est tentant d’opposer frontalement la figure d’Hervé l’homme libre, le combattant de la liberté, l’écrivain du peuple, à celle de René le vieux réac, le catho intégriste, l’écrivain de la bourgeoisie. Bien entendu, comme dans toute opposition manichéenne, la vérité est tronquée : l’heure de la réhabilitation du grand-oncle mal-aimée est venue. Un de mes anciens professeurs, Pierre-Jean Dufief, fait remarquer que si l’idéologie conservatrice et bien présente dans La terre qui meurt de René Bazin, elle n’est pas omniprésente : là où n’importe quel tâcheron aurait insisté lourdement sur le message à faire passer, Bazin sait s’arrêter au bon moment et la volonté de transmettre des idées ne cède en rien à l’exigence d’élégance littéraire. De ce fait, il est possible aujourd’hui de lire ses romans en faisant abstraction de leur arrière-plan idéologique et on se surprend à y prendre du plaisir. Donc, pour résumer, oui, René Bazin était un bourgeois, un arriviste et un catholique réactionnaire de la pire espèce MAIS il avait quand même du talent, suffisamment en tout cas pour ne pas finir dans les poubelles de l’histoire littéraire.
19h : C’est mon anniversaire. J’ai 30 ans, et alors ?
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble