On ne peut pas me soupçonner d’éprouver une sympathie excessive pour les grands pontes des médias ; je n’ai jamais manqué de les fustiger quand il le fallait, à commencer par les « éditorialistes » et autres « chroniqueurs » qui s’arrogent le droit de faire la morale au public, qui se font des couilles en or en donnant leur avis sur n’importe quoi, même (et surtout) s’ils ne maîtrisent pas le sujet, et qui ne font souvent que rabâcher ce que leurs employeurs ont envie d’entendre. Mais il ne faut pas être caricatural : à côté de ces courtisans poudrés plus intéressés par les cancans de cour que par le souci d’informer, il y a encore de vrais journalistes qui prennent des risques, comme cette sacrée bonne femme d’Elise Lucet. Mais ce n’est pas d’elle que je vais vous parler aujourd’hui.
Anne-Sophie Lapix vue par votre serviteur.Autant le dire tout de suite : Anne-Sophie Lapix m’est sympathique. Pas seulement parce qu’elle est très jolie mais aussi parce qu’elle est haïe des gros cons : elle s’était déjà mise à dos les électeurs de Marine Le Pen en posant à cette dernière des questions d’économie que ses collègues se gardaient bien de poser à la chienne de Buchenwald, révélant ainsi publiquement toute l’étendue de la bêtise et de la méchanceté de cette ignoble personne. Dernièrement, la belle a commis un crime de lèse-ballon rond en annonçant un reportage sur les salaires de footballeurs en ces termes : « On va pouvoir regarder des millionnaires courir après un ballon ». En soi, pas de quoi fouetter un chat : ça fait partie des arguments des footballophobes comme moi depuis des années et un tel lancement se justifiait au vu de la teneur du reportage qui suivait – il faut d’ailleurs être sacrément borné pour ne pas reconnaître que les rémunérations des stars du ballon rond, quel que soit leur talent, sont de plus de plus insolentes.
Seulement voilà, le monde des amateurs de foot se divise en deux catégories : d’une part, ceux qui sont suffisamment éclairés pour reconnaître que les sommes investies dans ce sport ont pris en quelques années des proportions indécentes et, d’autre part, les consternantes badernes qui semblent considérer que rien n’est trop beau pour leurs idoles en short, y compris gaspiller plus d’argent qu’il n’en faudrait pour libérer de la misère un tiers de l’humanité. Ces derniers n’ont évidemment pas supporté la remarque de madame Lapix et il n’en a donc pas fallu plus pour qu’on érige au rang de « critique sur les footballeurs » sa phrase qui n’était pourtant que la mention d’un fait reconnu, ce qui a creusé un sillon dans lequel n’ont pas manqué de germer les anathèmes que les talibans du foot crachent habituellement à la figure des mécréants, à commencer bien sûr par la sempiternelle accusation de mépris de classe…
Bref, la présentatrice du 20h de France 2 risque fort de voir sa tête mise à prix par les supporters bêtes et méchants. Et si l’équipe de France gagne la coupe du monde, ils iront probablement jusqu’à la tondre ! Fort heureusement, une telle victoire est très peu probable…