Le journal du professeur Blequin (110)

Dimanche 1er juillet

12h15 : Susan Sarandon a été arrêtée avec des centaines de femmes lors d’une manifestation anti-Trump. Voilà qui prouve que malgré son succès et sa fortune, l’actrice n’hésite pas à prendre des risques pour défendre ses idéaux de justice et de liberté, ce qui est tout à son honneur ! Cela dit, les flics américains, qui ont dû foncer dans le tas comme il est d’usage dans leur métier, ne doivent pas être fiers d’avoir littéralement offert un martyr aux adversaires de leur connard en chef : bien fait pour eux !

22h30 : On m’y reprendra, à me fier aux prévisions météo ! Ils avaient annoncé de l’orage et j’avais réservé ma journée pour dessiner, persuadé que l’atmosphère allait être rafraîchie par une bonne pluie salvatrice. Au final, il y a bien eu quelques nuages sombres, mais aucun de ces gros cons n’a daigné éclater : pas une goutte de pluie mais des litres de sueur versés par votre serviteur sur sa chaise, tant la chaleur est accablante. Et comme il est impensable de fermer la fenêtre, j’ai bien sûr le bonjour des piaillements des gosses incapables de jouer sans hurler ! Dire que l’année dernière à la même époque, je déprimais parce qu’il n’y avait pas de soleil : et si j’étais tout bonnement incapable d’être heureux ?

Lundi 2 juillet

11h : Plutôt moyen, comme réveil : la connexion Internet ne fonctionne pas, l’atmosphère est toujours aussi étouffante, je sue à grosses gouttes sur mes dessins et c’est ce moment-là que choisit l’administration pour me passer un de ses coups de fil dont elle a le secret. On devrait tous avoir le droit de se mettre en indisponibilité quand le météo n’est pas favorable !

16h30 : Chaque fois que je suis confronté aux formalités administratives, ça ne rate jamais : je sombre dans la déprime. Comment pourrait-il en aller autrement ? On vous pose des questions auxquelles vous n’avez jamais réfléchi, vous êtes présumé coupable de fraude, on vous traite comme un moins-que-rien… Bref, tout est fait pour vous faire comprendre que vous n’êtes rien. Ceux qui prétendent être à l’aise face à l’administration sont des hypocrites !

Mardi 3 juillet

11h : Jusqu’où l’Europe ira-t-elle dans l’ignominie ? On nous annonce qu’Angela Merkel a « sauvé » son gouvernement en passant un accord avec son ministre de l’intérieur. Sauf que cet accord comporte notamment une restriction de la politique migratoire allemande ! Et on nous présente comme une formidable victoire le fait que cette femme ait sacrifié des vies humaines, celle de ces malheureux réfugiés qui grattent, en désespoir de cause, aux portes de nos pays nantis, pour sauver sa place de chancelière ! Il y a de quoi être dégoûté !

11h05 : Benoît Hamon a exprimé sa honte devant la politique migratoire menée en France et en Europe. Il était temps que quelqu’un le dise et apporte un courant d’air frais dans cette atmosphère viciée… En général, je ne déborde pas d’estime pour les hommes politiques, mais j’aime ce petit breton qui mène un combat inégal pour défendre des idéaux de justice et de liberté dans ce monde trop vieux, trop sale et trop méchant. Ah, s’il pouvait réussir… J’arrête là, j’ai les larmes aux yeux.