Il y a 225 ans jour pour jour, le 17 juillet 1793, Marie-Anne-Charlotte de Corday d’Armont, âgée de 24 ans seulement, était décapitée, condamnée à mort pour l’assassinat de Jean-Paul Marat. La mère de la meurtrière était elle-même décédée depuis une dizaine d’année : qu’aurait-elle dit à sa génitrice, avant d’être exécutée, si elle avait pu lui parler ?
Ma chèr’ maman, je t’en supplie,
Ne rougis pas de moi ta fille.
Cert’s j’ai tué ce triste sire
Qui souffrait déjà le martyre
Mais conduisait tant d’innocents
A l’échafaud que je n’ressens
Pas plus de regrets que de remords
Pour mon gest’ qui me vaut la mort.
Ma chèr’ maman, je t’en supplie,
Ne rougis pas de moi ta fille.
Ce politicien fourb’ était
En mal de popularité :
Par conséquent, il ne pouvait
Me refuser la charité
Ainsi ai-j’ calmé la méfiance
De ce boucher de notre France.
Ma chèr’ maman, je t’en supplie,
Ne rougis pas de moi ta fille.
David est un peintre menteur :
Son vieux corps était une horreur
Ravagé par la maladie,
Par la mort encore enlaidi
Et nul ne trouva la monnaie
Qu’il m’avait, dit-on, destinée.
Ma chèr’ maman, je t’en supplie,
Ne rougis pas de moi ta fille.
Les hommes ont l’exclusivité
De leur fameuse liberté :
Parler est en soi un forfait
Si sans un pénis tu es née.
Je n’eus que mon arme affutée
Pour rétablir l’égalité !
Ma chèr’ maman, je t’en supplie,
Ne rougis pas de moi ta fille.
J’irai au bourreau sans trembler,
Ils n’auront pas ma dignité :
Mêm’ la têt’ dans une poubelle,
Je serai toujours la plus belle.
J’aime encor’ mieux quitter ce monde
Que vivre cette époque immonde.
Ma chèr’ maman, je t’en supplie,
Ne rougis pas de moi ta fille.
Sans hain’ pour le peuple je pars,
Je me suis taillé dans l’Histoire,
A coup d’poignard dans un’ baignoire,
Une place tout à fait à part.
Les femm’s devront encor’ lutter
Pour pouvoir seul’ment exister…