Le journal du professeur Blequin (127)

Samedi 15 septembre

11h45 : Quelle semaine éprouvante ! Ce qui m’est arrivé est trop personnel pour que je vous le raconte : tout ce que je peux dire, c’est que ça m’a quelque peu détourné de l’actualité pour un moment… J’ai un de ces coups de pompe !

14h : Pour chasser les idées noires, je risque un bain de mer. L’eau est plus froide que jamais et la marée est si basse qu’on marche dessus ; grande marée oblige, il y a plus de pêcheurs à pied que de baigneurs, mais tant pis. Autant en profiter, c’est peut-être le dernier de l’année.

Dimanche 16 septembre

11h : En faisant du rangement, je retrouve les numéros d’Epiphanot, un éphémère magazine étudiant auquel j’avais modestement contribué : en les feuilletant, j’ai la surprise de retrouver, parmi les signataires des articles, le nom de Pierre-Yves Cadalen, alors doctorant en sciences politiques. Une découverte peu anodine quand on sait que depuis, ce jeune homme a notamment été le candidat de la France Insoumise dans ma circonscription du Finistère et qu’il avait réussi à se qualifier pour le second tour face au candidat de La République En Marche (qui a finalement été élu) ! Brest est un mouchoir de poche : j’ai été voisin de colonne d’un homme qui a failli être député ! On est peu de choses !

Lundi 17 septembre

21h : Ce monde devient imbuvable…  Au Texas, on raye Thomas Hobbes des manuels scolaires au profit de Moïse : autant supprimer les cours sur Abraham Lincoln pour parler de Mickey Mouse ! Chez nous, en France, le président de la République suggère à un jardinier de travailler dans la restauration : du mépris ? Même pas : il est plus probable que Macron ignore totalement que les travailleurs manuels ne sont pas interchangeables, ce qui est encore pire. Ensuite, le ministre de l’éducation annonce des suppressions de postes d’enseignant : s’il y a toujours plus de jeunes laissés à eux-mêmes qui tombent entre les mains des propagandistes djihadistes, il ne faudra pas demander d’où ça vient ! Cerise pourrie sur le gâteau de merde, je suis tombé sur un reportage, diffusé sur France 3, consacré à une commune rurale qui s’est vue dans l’obligation d’accueillir des migrants : on y a vu notamment une vieille habitante qui affirme à la caméra qu’elle va « devoir apprendre à fermer [sa] porte à clé » ! On marche sur la tête ! On se protège de gens inoffensifs comme des moutons ! Et la grosse pouffiasse du Front – pardon, pouf pouf – du Rassemblement National est venue semer sa zone dans ce même village il y a peu, probablement sans que ça émeuve la vielle conne du cru qui a si peur de toute ce qui n’est pas blanc comme un cul… QUI va expliquer à tous ces gros glébeux abrutis par des années de turbin et de pastis que l’extrême-droite est incomparablement plus dangereuse pour leur sécurité que tous ces pauvres types qui ont fui la guerre, la famine, le fascisme ? J’ai un de ces coups de pompe… Oui, pareil qu’au début de cette chronique, mais en pire !