Samedi 13 octobre
15h : Je me dirige vers la gare routière ; passant devant l’hôtel de ville, je croise une manifestation pour le climat, ce qui m’inspire des sentiments contradictoires : d’un côté, je regrette que les manifestants ne soient pas plus nombreux ; de l’autre, en les voyant tous répéter les mêmes phrases en même temps, je ne peux m’empêcher de frissonner ! Même si la cause est on ne peut plus juste et urgente, ce genre de scène où un seul pense pour tous m’effraie toujours ! Je n’en suis pas fier, croyez-le bien…
16h30 : Invité par une amie très chère, je débarque à Hanvec où a lieu « Ramène ta pomme » : tous les ans à la même époque, les gens du coin rassemblent leurs pommes pour en faire du jus, ce qui est prétexte à une vraie fête paysanne avec marché d’artisans et soirée musicale. J’ai ainsi l’occasion de participer à différentes étapes de la confection de ce jus : le port des pommes par lots de dix kilos (han !), la découpe des pommes, le broyage, l’embouteillage… Un peu d’authenticité ne nuit pas et, pour une fois, j’ai l’impression de faire quelque chose de vraiment utile ! Par les temps qui courent, c’est réconfortant de savoir qu’il y a des gens qui se mobilisent pour que nos campagnes ne soient pas complètement déshéritées, qui agissent pour que le rouleau compresseur des géants de l’agroalimentaire n’écrase pas tout, qui s’activent pour recréer des solidarités villageoises… Je sens que je vais en revenir purifié !
19h : La soirée musicale débute sous un hangar : musique orientale, flamenco, blue grass… Les genres musicaux conviennent assez bien au cadre dans lequel se déroulent les festivités ! Pour me maintenir éveillé (car je ne suis définitivement pas un oiseau de nuit), je fais quelques croquis qui me valent la curiosité et même l’admiration des gens. C’est toujours agréable et je me dis qu’au moins, pendant ce tempes, je ne suis pas devant la télé !
22h30 : Profitant d’un interlude avant une scène ouverte, je monte sur la scène et je raconte quelques fiches bricolage du professeur Choron ; l’assistance a l’air d’apprécier. Quand je demande « Qu’est-ce qu’on dit ? » au public, on me répond « Merci, patron ! » Ce n’est pas tout à fait la réaction à laquelle je m’attendais mais c’est toujours mieux que de recevoir des fruits pourris…
00h20 : Les participants à la scène ouverte me déçoivent : autant les musiciens qui étaient passés avant eux composaient dans un registre parfaitement adapté à l’ambiance rurale, autant leurs improvisations caractérisées par un usage massif, pour ne pas dire excessif, du synthétiseur, a vite raison de ma patience… Le « synthé » doit rester un moyen, pas une fin en soi. Je n’ai aucune peine à convaincre mon amie de reprendre le chemin de sa maison pour y dormir : de toute façon, beaucoup de gens sont déjà partie et, sans assistance nombreuse pour l’encourager à danser, mon aimable hôtesse n’y éprouve plus qu’un intérêt limité.
Dimanche 14 octobre
15h30 : Me voilà rentré au bercail ; mon amie me manque déjà… Jetant un œil distrait sur les informations, j’apprends que la peine de mort a été abolie dans l’État de Washington. Donald Trump doit être soulagé, il ne sera pas exécuté !