Résumé de l’épisode précédent : Notre héros se rend à Paris pour assister à la présentation des actes d’un colloque auquel il avait participé il y a deux ans.
Mardi 16 octobre
15h15 : A peine ai-je mis le pied hors de la gare que je suis accablé par la chaleur ! Et ce que je vois diffère assez férocement de ce à quoi je suis habitué à cette période de l’année : des gens en bras de chemise avec des sourires jusqu’aux oreilles, des terrasses de café bondées… Bref, une ambiance estivale en plein mois d’octobre, TOUT CE QUE JE DÉTESTE ! Je me réjouis de ne pas rester longtemps et je me dépêche de prendre le métro.
16h : Je descends à Barbès-Rochechouart et gagne mon hôtel qui est juste à côté de la station. Le quartier est un vrai cauchemar pour raciste ! Je ne suis pas gêné outre mesure par la forte concentration d’arabophones dans les rues, la chaleur est mille fois plus incommodante pour moi ; mais quand je découvre la chambre où j’ai réservé un lit, je m’en veux déjà d’avoir choisi le prix le plus bas : avec ses lits superposés où roupillent deux types qui ne répondent même pas au salut pourtant courtois que je leur adresse, elle me rappelle vaguement une cellule de prison sans barreaux ! Pour ne rien arranger, la direction a cru bon d’afficher une mise en garde déconseillant aux locataires de laisser des objets de valeur dans la chambre… Je renonce donc à y abandonner mon sac à dos le temps de la présentation, j’y laisse juste ma trousse de toilettes puis je repars pour France Stratégie où le rendez-vous a été fixé. Je ne suis pas fier de ma conduite : con comme un lecteur du Figaro !
17h15 : Me voilà à France Stratégie où je suis le premier invité à me présenter. La personne qui me donne mon badge à l’accueil me donne une fausse indication et je m’étonne de ne pas trouver la salle : fort heureusement, son collègue est accouru pour me retrouver et me remettre sur le bon chemin ! Une fois installé, avec trois bons quarts d’heure d’avance, je m’étonne une nouvelle fois de la facilité avec laquelle on peut changer d’ambiance en à peine quelques jours voire quelques minutes : il y a à peine deux jours, j’étais à la campagne en train d’aider les gens du coin à faire leur jus de pommes ; il y a à peine une heure, je débarquais dans un des rares quartiers de Paris pouvant encore prétendre à l’étiquette « populaire » et dominé par une ambiance des plus moites ; et maintenant, je suis assis dans une salle climatisée et aseptisée d’un de ces bâtiments où de grands commis de l’État prennent des décisions importantes… Je reste ébahi par cette capacité, que nous avons tous, à changer littéralement d’univers en si peu de temps : chacun de nous a des super-pouvoirs !
Mathieu Flonneau18h : La salle est déjà pleine et je m’étonne de pas reconnaître les autres participants du colloque dont j’avais retenu les traits pour les avoir caricaturés. Serais-je le seul auteur à avoir fait le déplacement ? Les discours commencent : ce sont en fait deux ouvrages qui sont présentés, tous deux tirés de colloques organisés par l’institut Georges Pompidou, dont Georges Pompidou et une certaine idée de la France heureuse auquel j’ai modestement contribué avec un article sur le Charlie Hebdo des seventies et la satire que faisait ce journal du bien-être quelque peu artificiel de cette époque. Ma présence réjouit Mathieu Flonneau, l’un des co-directeurs de cet ouvrage, qui cite d’ailleurs ma contribution dans son discours ! Maman, aurais-tu imaginé un jour que la prose de ton fils serait honorée un dans un cadre aussi prestigieux ?
A suivre…