Résumé : Notre héros est déjà sur le point de quitter la capitale, mais l’attente à la gare Montparnasse est longue…
Mercredi 17 octobre
12h35 : Voilà déjà six heures que je tourne en rond dans cette fichue gare, comme un lion en cage ; entretemps, j’ai bien essayé de tromper mon ennui en feuilletant le livre auquel j’avais contribué, en gribouillant quelque voyageurs dans mon carnet de croquis, en consommant des sandwiches bon marché vendus sur place ou en essayant de me connecter au réseau wifi de la gare sur mon PC – en vain, du reste. Je suis maintenant dans la salle d’attente où je guette nerveusement les informations de l’écran d’affichage des départs : mon train part théoriquement dans un quart d’heure mais la voie n’est toujours pas annoncée ! Je commence sérieusement à m’inquiéter et me lève de mon siège : une femme obèse, assise à côté de moi et arrivée il y a peu avec son mari qui n’est guère plus mince, me demande : « J’espère que ce n’est pas à cause de nous que vous partez ? » Excédé, je lui rétorque : « J’ai un scoop pour vous : vous n’êtes pas le centre du monde ! » Ce n’est pas moi qui ai commencé.
12h50 : Je fulmine sur place au milieu d’une foule aussi impatiente que moi : on finit par croire que la voie sera affiché trop tard pour qu’on ait le temps de monter dans le train ! Il est finalement annoncé que le train partira avec une demi-heure de retard à cause de la « préparation » qui prend plus de temps que prévu ! Est-ce que ça arrivait aussi quand la SNCF était encore un vrai service public ?
13h15 : Je monte enfin dans le train. Heureusement que je n’ai pas de correspondance à attraper : c’est dans ce genre de circonstances que je me félicite d’avoir pris un billet de première classe. C’est plus cher, d’accord, mais si cette petite dépense n’avait dû me servir qu’à éviter de mariner pendant tout le voyage sur un siège pour Japonais en compagnie d’une famille de beaufs traînant derrière elle une nichée de nourrissons braillards, je considérerais toujours que ce n’était pas de l’argent jeté !
18h : Enfin rentré à Brest, juste à temps pour assister au cours de dessin. Je suis exténué et j’ai une migraine carabinée, mais cette séance de dessin me fait oublier mon stress et ma douleur. De surcroît, la ravissante jeune femme qui sert de modèle est une mienne connaissance, ce qui rend la séance d’autant plus agréable.
Jeudi 18 octobre
14h : Mon escapade parisienne ne m’aura pas réussi : j’ai du sommeil à rattraper, je le sens, d’autant qu’à cause de la chaleur qui régnait dans la capitale, j’ai passé la nuit à faire des cauchemars où la Terre entière prenait feu ! Tout ceci influe négativement mon humeur : le retour du soleil à Brest m’est insupportable et je perds patience lors d’une réunion avec d’autres jeunes chercheurs. Dans la rue, je voudrais être une bombe pour pouvoir péter au nez de tous ces glands qui sourient jusqu’aux oreilles sur les terrasses de café en montrant leurs coudes voire leurs genoux… Ras le bol de cette ambiance estivale ! J’ai eu ma dose de soleil pour un an, ça va, maintenant ! Je veux du vent, de la pluie, de la fraîcheur !