Différente

Depuis toute petite, j'ai compris que j'étais différente.

Que je ne ressemblais pas aux autres.

Je n'ai pas une tête de française (qu'est-ce qu'une tête de française ?) et ne parais pas locale. En vacances en famille à l'étranger, on ne nous croit pas quand nous disons que nous sommes français. Nous avons donc pris l'habitude de répondre que nous sommes japonais et acceptons enfin de ne pas être crus.

Déjà, j'ai un nom de famille à consonance étrangère. En partie. Et on me demande très souvent d'où je viens. Mais j'ai remarqué que mon nom est beaucoup moins écorché aujourd'hui qu'il ne l'était quand j'étais petite (merci la mondialisation ?).

Ensuite, je ne suis pas dans les tailles standards. Donc visible. J'ai passé mon début d'adolescence avec des chaussures d'hommes assorties à des pantalons trop courts, étant en avance de quelques années sur les grands échalas qui ont forcé la mode à revoir ses tailles standards. Pour mon plus grand bonheur...

J'ai encore plus compris ma différence en 2002, quand LP est passé au 2nd tour des présidentiels. Là, tous mes camarades d'école m'ont regardée et m'ont dit : "Mais t'es pas française toi de toute façon". Venant d'une majorité de maghrébins et d'africains, cela m'avait semblé étrange : comme s'ils m'incluaient dans leur clan d'enfants d'immigrés brusquement.

Je me suis toujours sentie française. Sans jamais l'être totalement.

Je me considère plus comme européenne. Ayant des origines de divers pays européens.

Je suis presque toujours contente lors des évènements sportifs : au moins un de mes pays va s'en sortir !

Je suis finalement un mélange. Et j'aime être de ces différentes origines, de ces différentes cultures. J'aime ma différence. J'en suis fière !

Je refuse de toute façon d'entrer dans les cases. Et me ravis de la différence des autres qui apportent bien plus que si nous étions tous semblables.

Même si ma différence à moi est d'être grande et blonde, je suis moi aussi une arrière petite fille d'immigrés...