Mercredi 12 décembre
11h : Présentation, à la Marina du Château, du dernier numéro des Cahiers de l’Iroise intitulé Russes et Bolcheviks en Bretagne (XIXè-XXIè siècles) auquel j’ai modestement contribué avec un article sur mon amie Elena Tikhomirova, native de Sibérie et résidente à Brest. C’est en écoutant les discours des officiels que j’apprends la tragédie qui a frappé Strasbourg… Cette ville étant associé au souvenir de la visite que j’y avais faite avec une amie, cela m’attriste. J’aime cette petite Venise germanique. Je me fiche pas mal de savoir si ce drame arrange ou non un gouvernement vivement contesté : pour l’heure, aujourd’hui, je suis Strasbourg.
Jeudi 13 décembre
12h30 : Il faut évidemment s’attendre à ce que la boucherie strasbourgeoise d’hier fasse rouvrir la boîte à con des complotistes de tout poil qui ne manqueront pas de souligner que cet attentat a lieu « comme par hasard » au moment où le gouvernement fait face à un mouvement de contestation important. Que ce drame arrive à point pour détourner l’attention, ça ne fait aucun doute, mais de là à dire que le pouvoir l’aurait délibérément provoqué, j’ai un peu de mal à y croire pour une raison toute bête : c’est que ça ne marche JAMAIS ! Souvenez-vous des otages du Liban, libérés « comme par hasard » entre les deux tours de la présidentielle de 1988 et auraient donc « dû » faire élire triomphalement Chirac ! Et les attentats de 1995, qui auraient « dû » dissuader les gens de sortir dans les rues par milliers pour demander la tête de Juppé ? Et l’affaire Merah, qui aurait « dû » faire réélire Sarkozy ? Les politiciens ne sont quand même pas idiots au point de réutiliser des stratégies qui ont fait plusieurs fois la preuve de leur inefficacité ! Ben quoi ? J’ai dit une connerie ?
William Bouguereau, Le remords d’Oreste19h : Vous connaissez les Euménides, ces divinités grecques du remords qui accablaient de reproche les criminels ? J’ai une hypothèse concernant l’origine de ce mythe : vous pouvez vérifier, chaque fois que vous prenez une initiative, même si celle-ci a des résultats heureux, il y aura TOUJOURS quelqu’un pour vous faire des critiques, vous dire que vous auriez dû faire ci ou ça pour que ce soit meilleur, tout en vous rappelant perfidement que de toute façon, c’est trop tard, ce qui est fait est fait. Comme ça m’étonnerait beaucoup que cette attitude désagréable soit une nouveauté, je suis sûr que les Grecs l’ont intégré à leur mythologie en leur donnant la forme des Euménides…
Vendredi 14 décembre
12h : Atelier d’expression poétique ; l’une des élèves, infirmière de son état, nous apprend qu’elle vient de gagner le procès qui l’opposait à la Sécurité sociale. La cause ? Ces bons messieurs de la sécu refusaient de lui rembourser les frais de déplacement occasionnés par la prise en charge d’une fillette hémiplégique qui n’était pas sur « son » territoire mais dont les soignants du coin ne voulaient pas s’occuper ! En clair, d’après ces braves fonctionnaires, il aurait mieux valu qu’elle laisse crever cette pauvre petite… La Sécurité sociale est une de nos plus précieuses conquêtes ; malheureusement, l’Etat-providence, c’est aussi une bureaucratie qui prend tout en charge et n’accorde au citoyen aucun droit à l’initiative, fût-elle légitime et généreuse, mais l’initiative privée a parfois du bon. Parfois.