Dans son premier roman San Perdido, David Zukerman dresse le portrait des héros de l’ordinaire et peint une fresque pittoresque du Panama des années 50. Un récit qui sent l’alcool, la sueur et la cigarette, mais que vous ne pourrez pas lâcher !
Quatrième de couverture
Qu’est-ce qu’un héros, sinon un homme
qui réalise un jour les rêves secrets
de tout un peuple ?
Un matin de printemps, dans la décharge à ciel ouvert de San Perdido, petite ville côtière du Panama aussi impitoyable que colorée, apparaît un enfant noir aux yeux bleus. Un orphelin muet qui n’a pour seul talent apparent qu’une force singulière dans les mains.
Il va pourtant survivre et devenir une légende. Venu de nulle part, cet enfant mystérieux au regard magnétique endossera le rôle de justicier silencieux au service des femmes et des opprimés et deviendra le héros d’une population jusque-là oubliée de Dieu.
Mon avis
Deux phrases. C’est ce qu’il m’a fallu pour plonger tête la première dans ce texte qui m’a tenue en haleine durant toute la lecture. Si San Perdido n’est que le premier roman publié de David Zukerman, ce dernier se distingue déjà par une plume fine, contemplative et une incroyable maîtrise littéraire !
Du gouverneur de San Perdido aux habitants du bidonville de Lágrima en passant par les prostituées, ouvriers et femmes de chambre, David Zukerman nous plonge au cœur du quotidien d’une vaste galerie de personnages hauts en couleurs. Un moyen de mesurer le gouffre qui sépare les classes aisées des classes pauvres, mais aussi de faire enfler la rumeur qui entoure Yerbo Kwinton, ce mystérieux redresseur de torts aussi muet qu’une carpe, aussi discret qu’une ombre.
J’ai adoré ce roman rutilant qui se lit comme une fable, dont l’atmosphère caribéenne est digne des plus grandes histoires de piraterie. Je me suis attachée à la majorité des nombreux personnages, et notamment à ce Yerbo évanescent aux pouvoirs quasiment magiques. San Perdido est un texte lumineux, d’une grande maturité et David Zukerman un auteur de talent qu’il faudra suivre dans les années à venir !
En bref
Un premier roman étincelant et parfaitement maîtrisé qui offre une fresque bariolée du Panama d’après-guerre, entre corruption, injustices et règlements de compte. Mais San Perdido est aussi un texte touchant par son esthétique et par les valeurs de justice et de liberté revendiquées par ses personnages. Quel plaisir de lecture !
Le livre
San Perdido de David Zukerman
Editions Calmann-Lévy (2019), 450 pages
Un grand merci aux éditions Calmann-Lévy pour cette lecture !