La Blequinclopédie (8)

Ciné-poussette : Voilà un nouveau concept qui a vu le jour à à Brest le 1er mars dernier : afin de permettre aux jeunes parents d’aller au cinéma avec leur bébé, on réduit le son dans la salle de projection, on y rajoute un peu de lumière, on installe une table à langer et le personnel ne vient pas faire chier les spectateurs si le gamin se met à hurler. De prime abord, comme souvent, tout cela est bel et bon : on cherche à faire en sorte qu’une naissance ne soit plus nécessairement synonyme, pour les parents, d’abandon de toute vie sociale et culturelle, et c’est très bien. Sauf que… Imaginez un peu une salle de cinéma remplie de couples tous accompagnés de leurs nouveaux-nés : la probabilité pour que plusieurs bébés se mettent à pleurer en même temps étant quand même élevée, je leur souhaite alors bon courage pour suivre le film, à plus forte raison avec le son baissé ! De surcroît, il n’est sans doute pas recommandé de regarder n’importe quel film en compagnie d’un bébé : je ne conseillerais pas à de jeunes parents d’aller voir Simetierre avec leur petit bout de chou ! Le Dumbo de Tim Burton, alors ? Non plus : je ne pense pas que tous les parents apprécieront que leurs chers petits voient la (très) belle Eva Green dans sa petite tenue d’écuyère ! Sans compter que si le papa regarde l’actrice d’une façon un peu trop pénétrante au goût de la maman, il risque d’y avoir une scène de ménage sous les yeux du bébé, ce qui n’est pas forcément très bon pour lui… Notez qu’à la projection brestoise du 1er mars, les spectateurs avaient eu droit aux Invisibles de Louis-Julien Petit et qu’à la prochaine, ils auront La lutte des classes de Michel Leclerc : aucun danger pour que les bébés soient traumatisés, en effet… Mais si c’est pour voir des films français, et donc chiants comme la pluie, est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Ah, décidément, on est loin d’en avoir fini avec les inconvénients de la parenté : heureusement qu’il y a les allocations familiales pour compenser !

Sécurité routière : Vous avez sans doute vu fleurir ces affiches contre l’usage du portable au volant : on nous montre des accidentés, dont un enfant, dans un état grave, et les photos sont accompagnées de messages passablement culpabilisants tels que « Vous direz à sa famille que vous deviez absolument répondre à cet appel » (ou quelque chose comme ça, j’ai la femme de vérifier). Rappeler leurs responsabilités aux automobilistes qui ont trop souvent tendance à se prendre pour les rois du Monde, je n’ai rien contre, surtout quand ils s’imaginent pouvoir communiquer par téléphone et conduite en même temps – ce qui est une aberration absolue ! Bref, dans l’absolu, c’est plutôt une bonne campagne, mais elle n’est pas très réaliste : si les conducteurs meurtriers (notez bien que malgré mon aversion pour la voiture individuelle, je ne prétends pas que c’est un pléonasme) étaient honnêtes, ils ne diraient pas aux familles de leurs victimes qu’ils devaient absolument décrocher leur portable mais mais bien qu’ils se foutent du sort des sans-bagnoles, tous plus ou moins perçus comme des sous-hommes !