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Caroline Schlegel-Schelling, et le romantisme allemand. -2/3-

Publié le 30 mai 2019 par Perceval

Le premier romantisme allemand : 1796-1802.

Caroline Schlegel-Schelling, et le romantisme allemand. -2/3- Portrait de Caroline, par Tischbein (1871)

1796 - Le couple Caroline – A. Schlegel s’installe à Iéna, et elle commence à contribuer substantiellement aux productions littéraires du cercle romantique de Iéna, notamment des traductions de l’anglais.

En 1798, le philosophe Schelling et le dramaturge Tieck (1773-1853) viennent eux aussi s’installer à Iéna. Les frères Schlegel, Novalis (1772-1801) et Tieck s’unissent dans une activité littéraire très féconde ; Schelling et Fichte leur rendent visite après leurs journées de travail à l’université...

Parmi les femmes, il y a donc Caroline Schlegel, qui joue un rôle social essentiel dans la cohésion de ce petit groupe, Dorothée Veit, qui a épousé Friedrich Schlegel, la femme de Ludwig Tieck, Amalia, la fille de Caroline Schlegel, Auguste, et la toute jeune fille de Tieck, elle aussi appelée Dorothea, qui deviendra 20 ans plus tard la plus grande traductrice de Shakespeare du XIXème siècle sans jamais rien publier sous son nom.

Caroline Schlegel-Schelling, et le romantisme allemand. -2/3-
Les bustes de Caroline Schlegel-Schelling, August Wilhelm Schlegel und Karl Wilhelm Friedrich Schlegel
Caroline Schlegel-Schelling, et le romantisme allemand. -2/3-
Iéna - 1748

Le groupe d’Iéna, premier pôle significatif du mouvement de 1798 à 1806 est animé par Wilhem et Friedrich Schlegel, entourés de Tieck (1773-1853) connu pour son ironie et ses contes médiévaux et fantastiques qui ont influencé Nodier et Balzac, de Wackenroder (1773-1798) théoricien pour qui l’art est de nature divine, et enfin Novalis (1772-1801) le grand poète des hymnes à la nuit (1799) et d’Henri d’Ofterdingen (1799-1801) roman initiatique dont le héros est un ménestrel légendaire qui participe à une joute poétique dont l’enjeu est la vie!

Ce premier romantisme est nourri d’idéalisme philosophique (Fichte, Schelling), imprégné de pensée religieuse et centré sur l’expérience intérieure, sur une sorte d’ascèse morale visant une réalisation personnelle la plus pleine et la plus authentique.

Caroline Schlegel-Schelling, et le romantisme allemand. -2/3-
griesbach-house à Iena

Mme De Staël dans De l’Allemagne (1810-1814) précise : « Le nom de romantique a été introduit nouvellement en Allemagne pour désigner la poésie dont les chants des troubadours ont été l’origine, celle qui est née de la chevalerie et du christianisme ».

Germaine de Staël pendant son voyage en Allemagne, fait la conquête définitive de W. Schlegel qui devient le précepteur de ses enfants . Il la suit à Coppet et lui sera fidèle jusqu'à sa mort en 1817.

Le ''premier romantisme'' est inextricablement lié au nom de Caroline Schlegel. Sa maison est devenue le centre d'intérêt des écrivains allemands. Avec sa franchise et sa critique, elle oriente et approfondit les opinions de son cercle d'amis. Elle travaille sur la revue nouvellement fondée Athenaum, elle écrit des critiques, aide Schlegel à traduire Shakespeare et s'est fait un nom avec son travail sur Goethe.

Caroline Schlegel-Schelling, et le romantisme allemand. -2/3-
Auguste Böhmer, buste par Friedrich Tieck, 1804

La mort de sa fille surdouée, frappe durement Caroline. Auguste affaiblie par une fièvre ''nerveuse'' prolongée, décède le 12 Août 1800. Sa fille est ce qu'elle a de plus cher sur la terre. Cette perte inattendue a profondément pesé sur Caroline. Elle ne se rétablit que lentement au cours de l'automne et de l'hiver suivants à Bamberg, puis à Braunschweig (d'octobre à mars) et finalement à Harburg (en avril). 

La mort d'Auguste renforce intimement l'amitié de Caroline avec Schelling, et des sentiments qui les unissaient déjà …. Schelling reproche à son ami Schlegel, d’avoir abandonné sa femme … !

Schlegel reste la plupart du temps loin de Caroline, à Berlin, où il donne des conférences publiques sur la littérature et l'art.

Au printemps 1802, elle lui rend visite à Berlin. C'est à cette époque qu'ils décident de divorcer; ce n'est que le 17 mai 1803 qu'il est légalement appliqué. Caroline se sépare de Schlegel avec un sentiment d'amitié reconnaissante et de respect cordial... Dans la conscience de la liberté retrouvée, elle se sent enfin apaisée et "presque heureuse" après tant d'excitations et de souffrances.

Caroline Schlegel-Schelling, et le romantisme allemand. -2/3-
1800 Friedrich Wilhelm Schelling par C.F. Tieck

Caroline épouse le philosophe Schelling, de douze ans plus jeune qu’elle, en juin 1803. Ils s'installèrent à Würzburg, où Schelling est nommé professeur.

Schelling (1775-1854) est déjà à vingt-ans, 'le' philosophe de son époque … Pour lui nature et esprit coexistent au sein de l'Absolu... Plus tard, l'Absolu se personnalise et devient transcendant. Dieu est à l'origine, la création est autre et l'humain est l'être où s'opère l'unité de la puissance divine et créatrice … Schelling, au contraire de Hegel, fait une place à la Révélation du Christ.

En 1804, Schlegel et Germaine de Staël, rencontrent Caroline ( puis à Munich en 1808). Les deux maris de Caroline se réconcilient, après que Schlegel soit parvenu à faire entendre à Schelling que c'est par un acte d'amour et non de faiblesse qu'il a consenti à renoncer à son lien marital au profit du bonheur de Caroline.

Schelling obtient un poste de professeur à Munich en 1806, où ils déménagent. En 1809, lors d'un voyage à Maulbronn, Caroline meurt soudainement d'une épidémie : Fièvre nerveuse avec dysenterie.


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