Le journal du professeur Blequin (17)

Lundi 28 octobre

9h30 : Après un week-end de réclusion volontaire, j’ai été bien obligé d’affronter le froid et l’humidité pour installer mon exposition à la mairie de quartier de l’Europe. Heureusement, grâce au changement d’heure et à l’heure de sommeil ainsi gagnée, le réveil n’est pas trop pénible : quitte à renoncer à un changement d’horaire, j’espère qu’on supprimera le passage à l’heure d’été ! Malgré mon chargement de dessins encadrés, le déplacement s’effectue sans trop de difficultés : c’est là qu’on savoure sa chance d’habiter dans une ville relativement bien desservie par les transports en commun… Et c’est seulement en entrant dans la mairie que je trouve le moyen de glisser et de retomber sur mon séant ! On mettrait ça dans un film comique, personne n’y croirait… Un témoin me demande si ça va, je lui répond « Oui, ça va, j’adore tomber par terre » ! Comme on dit, à question idiote…

9h35 : L’employée qui m’a servi d’intermédiaire vient m’accueillir et me demande, avisant ce que j’apporte, si j’ai d’autres choses dans ma voiture. Comme je n’ai pas de voiture ni même de permis, j’estime qu’apporter 30 cadres n’est déjà pas si mal ! Mais sa question me rappelle ces gens qui me suggèrent de prendre une photo avec mon portable : en général, il me suffit de leur montrer avec quoi je téléphone pour qu’ils comprennent que je ne peux pas suivre leur conseil… J’en déduis que malgré les exhortations à économiser l’énergie en général et l’essence en particulier, tout individu, a fortiori s’il a mon âge, est présumé propriétaire d’une automobile et d’un smartphone : il serait peut-être temps de reconsidérer tout ça, non ?

11h : L’expo est installée. Mon interlocutrice m’a assuré qu’aucun incident n’a entaché les nombreuses expositions qu’a déjà accueillies cette mairie de quartier : je l’espère d’autant plus que le verre d’un de mes cadres s’est brisé, que j’ai dû le virer, et que donc, un de mes dessins est exposé sans vitre…

12h45 : Après un déjeuner rapidement expédié, je prospecte le port de commerce, à la recherche d’un restaurant qui serait ouvert un prochain jour férié et où une amie sévèrement intolérante au gluten et à la coriandre pourrait manger sans risquer de tomber malade. En clair, je vais au casse-pipe par amitié ! Bon, je finis par trouver la perle rare, mais je suis étonné par le nombre de plats contenant du gluten sans que je l’eusse jamais soupçonné ! Cela dit, à la décharge des restaurateurs, il faut reconnaître que tous ces cas d’allergie au gluten sont encore assez nouveaux : je veux dire qu’on n’en diagnostiquait pas autant jadis et j’en arrive à me demander s’il faut y voir un progrès de la médecine ou une mutation de notre espèce ! Peut-être les deux..

13h : On nous annonce que Daech n’a plus de cerveau mais reste menaçant : un peu comme Donald Trump, en somme !

Mardi 29 octobre

15h : Je sors vite fait de mon trou pour déposer à la médiathèque quelques flyers pour mon expo. En passant, je découvre la nouvelle campagne de pub d’Europe 1, « Ecoutez le monde changer » sur fond d’une forêt en train de brûler… C’est typiquement le genre de pub que je trouve mille fois plus vulgaire que si on y voyait une fille à poil ! Tire profit d’une catastrophe pour faire sa promo, c’est autrement plus obscène que montrer ses nichons pour réussir !