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Le journal du professeur Blequin (19)

Publié le 07 novembre 2019 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (19)Jeudi 31 octobre

18h : C’est Halloween. J’ai donc mis sur la porte de mon appartement une affiche que j’ai moi-même dessinée et qui indique clairement qu’il est inutile de sonner : de toute façon, je n’ai jamais de bonbons chez moi. Je ne sais pas s’il y a beaucoup d’enfants déguisés à passer dans mon immeuble, mais deux précautions valent mieux qu’une. En tout cas, je passe la soirée en paix, ce qui me permet d’apprendre que Le Monde a annoncé par erreur la mort de Bernard Tapie ! La presse écrite accuse Internet de tous ses maux, mais elle semble ne pas se rendre compte que ce qui est en train de la tuer à petit feu, c’est justement cette quête du sensationnel à tout prix qui la fait commettre de grossières bévues : reconnaissez que moins d’un mois après la fausse annonce de l’arrestation de Dupont de Ligonnès, ça fait beaucoup ! Il ne faut pas s’étonner si la presse ne trouve personne pour la défendre contre les géants du web…

Vendredi 1er novembre

Le journal du professeur Blequin (19)

20h30 : Si je n’avais pas répondu à une invitation de dernière minute, je ne serais pas sorti de chez moi et je n’aurais probablement pas appris qu’on continuait à polémiquer sur le port du voile… C’est là que je me dis que je ne regrette pas mon semi-retrait du monde : si c’est pour entendre ressortir les mêmes débats bidon d’une année sur l’autre, merci bien ! Je ne sais pas quelle est la position de notre président sur ce sujet, mais s’il dit qu’il est contre le port du voile, il se contredit : il en a déjà posé un sur les vrais problèmes !

Lundi 4 novembre

11h : Je passe à la fac mettre quelques affiches : on m’annonce qu’il est désormais interdit d’en mettre sur les portes d’entrée. Bien sûr, il y a d’autres emplacements, mais j’aurais aimé connaître les raisons de cette nouvelle interdiction : ne me dites pas que c’est pour des raisons de sécurité, une affiche n’a jamais empêché de tirer ou de pousser une porte pour sortir du bâtiment, que je sache ! Toujours est-il qu’en cherchant un autre endroit, je tombe sur la dernière livraison du bimensuel (ou trimestriel, je ne sais plus) gratuit Bikini distribué dans à peu près tous les lieux d’enseignement supérieur de Bretagne : la couvrante représente deux personnages munis de masques à gaz et il me suffit de parcourir distraitement les premières pages pour découvrir que les catastrophes écologiques annoncées occupent une place non négligeable dans le sommaire… Je préfère passer mon chemin : de toute façon, je n’ai jamais été fan de ce journal.

Le journal du professeur Blequin (19)
12h30 : Canal+ a 35 ans : pour moi qui suis un fan des Nuls, des Guignols, du Groland et d’à peu près tous les humoristes qui se sont produits pendant l’âge d’or de cette chaîne, c’est une date symbolique, mais la commémoration prend aujourd’hui, par la force des choses, un goût maussade… Avant, ceux qui bossaient à Canal en étaient fiers, on leur demandait « Tu connais De Greef ? » avec un air admiratif : aujourd’hui, ils ont plutôt intérêt à raser les murs pour qu’on ne leur demande pas « Tu connais Bolloré ? » avec un air mauvais… Je me souviens, il y a cinq ans, c’étaient les 30 ans de la chaîne et j’avais voulu regarder le début de la soirée avec, entre autres, Le Grand Journal, alors présenté par Antoine De Caunes : celui-ci avait ouvert l’émission en annonçant que l’invité politique serait Florian Philippot, venu commenter les sondages qui plaçaient alors la grosse Marine en tête du premier tour des présidentielles de 2017… Et le cauchemar continue : il y a 35 ans, Canal donnait carte blanche à Coluche : aujourd’hui, le groupe Canal offre une tribune à Eric Zemmour. Autres temps, autres mœurs, dit-on ! N’empêche que les informations d’aujourd’hui, il vaut mieux les voir… En crypté !

18h45 : Je me rends à une AG, mais le bus fait une déviation monstre : comme il fait nuit et qu’il pleut comme vache qui pisse, je ne m’en aperçois pas tout de suite et quand je reprends mes esprits, je descends dans un quartier dont j’ignorais jusqu’à l’existence… Je vous passe les détails sur ce que j’ai fait pour finalement retrouver mon chemin et arriver au rendez-vous (avec un quart d’heure de retour), mais c’est typiquement le genre de situation qui m’angoisse plus que tout ! Si les voyageurs  étaient prévenus à temps, ça n’arriverait jamais, mais après tout, les sans-bagnoles, ce snt des sous-hommes, n’est-ce pas ?


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