Magazine Journal intime

Espace Détente

Publié le 17 juillet 2008 par Corcky





J'aime bien me poser à côté de la machine à café.


La machine à café: L'endroit "branché" par excellence au Foyer. 
L'endroit où il faut être vu.
Le lieu le plus "in", le plus hype.

Là où tout se dit, se chuchote ou se hurle à pleins poumons.
 
Là où s'échangent les barrettes de shit (absolument interdit, dixit le Règlement Intérieur avec lequel les hébergés se torchent régulièrement), où se racontent les exploits les plus fous ("comment j'ai gagné cinq euros en jouant l'intégralité de mon RMI au Tiercé samedi"), où se tissent les légendes urbaines de demain. Un putain de zoo humain, sans les barreaux (mais l'effet est le même), avec ses spécimens d'homo sapiens sapiens (dans mon cas, ce serait plutôt sapionce, mais passons), ses neuneus à crête rouge, ses magouilleurs à grande gueule et ses employés modèles.
Florilège...

Le travailleur social (café long, sans sucre):

- Monsieur G., je comprends décidément pas. Vous gagnez 1200 euros net par mois et vous êtes toujours fauché à partir du 10! Qu'est-ce que vous foutez avec votre thune, bordel? - Je joue aux courses. - Vous...aux courses? - Oué. - Merde, mais comment vous ferez quand vous aurez trouvé un appart' ? Comment vous allez bouffer? - Ben j'irai aux Restos du Coeur. L'éducateur (cappuccino sucré): - Monsieur B., faut que je vous dise un truc...(il baisse la voix): Quand on a fait le tour des chambres avec mon collègue, ce matin, on a trouvé...heu...comment dire... - Ahh, z'avez rencontré ma copine? - Ben...vous l'appelez votre "copine"? - Et pourquoi pas? - Enfin, monsieur B, c'est une putain de poupée gonflable! - Et alors? Elle au moins, elle me refilera jamais le SIDA. L'agent d'entretien (café court, sucré): - Tiens, j'ai croisé monsieur A. devant la mosquée, l'autre jour. - Ahhhh, c'est cool, ça! Il revient à la religion? C'est bien, ça va l'apaiser un peu... - Nan, y faisait la manche, il a même essayé de taper vingt euros à l'imam. Monsieur J (thé sucré) et monsieur W (café court, sans sucre), deux habitués des wagons de métro de la ligne 8: - Putain, t'as vu comment que les bourses plongent! - Tu m'étonnes! La catastrophe, mon pote! - On aurait dû revendre nos stock-options à temps, arf! arf! arf! L'emmerdeuse (café court, sans sucre) et Ahmed (nitroglycérine): - Dis Ahmed, tu sais, tu devrais mettre la pédale douce avec le café...T'es une vraie pile électrique, et pis c'est pas bon pour ton coeur. - Cousine, soit j'me shoote au café, soit je meurs. - Ou bien tu te shootes au café ET tu meurs, c'est pas mal non plus comme perspective. - Je vivrai encore jusqu'à ce soir, après j'm'en fous. - Ah? Il se passe quoi, ce soir? - Je vais me murger chez des potes. Très important, les murges avec les potes. - Mais pas bon pour ton foie. Et demain t'auras la gueule de bois et  tu seras une vraie loque. - C'est pas grave. J'me shooterai au café. - .....



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