J’écris pour m’extirper de la gangue
Qui couvre de débris ce monde qui tangue.
J’écris pour sauvegarder l’illusion
De valoir davantage qu’un souillon.
J’écris pour compenser l’absence
De mes larmes asséchées à l’adolescence.
J’écris pour pallier à la paresse
De ma langue rétive à la rudesse.
J’écris pour voyager au loin,
Où mes pieds fragiles ne me portent point.
J’écris pour me bâtir une armure
Quand le vent mauvais devient trop dur.
J’écris pour faire semblant d’exister
Sans même être sûr de le mériter.
J’écris pour quémander l’affection
Qu’on me refuse pour un oui, pour un non.
J’écris pour sortir du caniveau sale
Où s’écoule mon eau croupie et pâle.
J’écris pour calfeutrer mon cœur
Meurtri par les marchands de malheur.
J’écris pour rester debout
Quand mon corps est à genoux.