Je t’emmerde.

• Alors, on t’a pas vu à la manif’ le 5 décembre ? Tu te sens pas concerné peut-être ? Ou alors t’es copain avec Macron, vas-y avoue !!

• Premièrement, je t’emmerde. Et ensuite, non tu ne m’as pas vu à la manif. D’abord, parce-que j’aime pas ça. Comme Brassens, je pense que le pluriel ne vaut rien à l’homme et que sitôt qu’on est plus de quatre, on est une bande de cons. Comme Desproges, je pense que lorsque les hommes se rassemblent, leur intelligence se divise … Donc, non, je n’irai pas battre le pavé avec vous. Je n’irai pas manifester à coté d’un cheminot qui ne sera là que pour garder ses petits avantages hérités d’un autre âge, du temps des locomotives à vapeur, d’un temps que les moins de 80 piges ne peuvent pas connaître. Je n’ai rien de commun avec lui. D’ailleurs, je vais même te dire la vérité. Quand je les vois là, tous agglutinés pour protéger égoïstement leurs privilèges .. et bien, j’ai des envies de révolutions qui me montent au nez … dans ces cas là, je sors ma guillotine à mots et je coupe la parole.

  Mec, tu te prends pour Léon Blum parce que tu manifestes à chaque mois de décembre ? Tu ne le sais pas, mais tu n’es qu’un bourgeois, qui flippe à l’idée de voir disparaître un privilège …  et moi, je ne défile pas avec les bourgeois.

  D’ailleurs, tu n’existes même plus, tu fais déjà parti du passé, de l’histoire ancienne. Tes méthodes et tes revendications sont datées mon vieux …  tu t’essouffles, tu surnages dans ton océan de cholestérol où tant d’autres ont déjà péri.

  Alors, oui, je t’emmerde … moi, je préfère parler aux marmots, aux gamins, je préfère les voir eux dans la rue. Ce sont eux qui ont le futur entre leurs mains. J’espère que les gamins d’aujourd’hui et de demain l’auront compris. C’est à eux de foutre ce système en l’air. Eux ont le pouvoir de tout renverser, de rejeter la surconsommation, de chier sur Amazon et les Black Friday, de retrouver le goût du local, du circuit court, des petits artisans, de refuser de prendre l’avion cinq fois dans l’année pour partir dans des lieux imbéciles, de refuser d’aller faire du shopping à Londres pour 30€, de ne pas participer à ces croisières idiotes, polluantes comme une demi-douzaine d’usine. De retrouver le bonheur de manger des fruits et légumes de saisons, de ne plus enrichir les grandes surface en voulant bouffer des tomates en décembre. Retrouvez juste du bon sens, de la normalité. N’attendez pas qu’on vous donne du pouvoir, prenez le. Ne soyez pas carriéristes, c’est un mot dégeulasse et cradingue, dites à vos vieux que non, vous n’irez pas manifester pour vos retraites, que vous voulez d’abord vivre, vivre vite et à fond.

  Les jeunes, ne jouez plus le jeu de la compétition, c’est un leurre que les adultes vous mettent dans la tête, on n’est pas gagnant si on est meilleur que son voisin, on est pas gagnant si on élimine un concurrent, on est gagnant si on est solidaires, équitables et justes, c’est à dire tout le contraire du capitalisme et du syndicalisme.

  Si demain, tous les jeunes changent leurs habitudes de consommation, alors là oui, les gouvernements trembleront autant que les industriels. Quant à toi, le batteur de pavé compulsif, ne m’en veut pas, je n’ai rien contre toi personnellement, après tout on a les combats qu’on mérite.