Vendredi 13 décembre
10h45 : Sortant de la poste, je passe devant une maison de la presse et je peux vois la une du Figaro magazine avec pour titre, à propos des récents mouvements sociaux, « Et si on arrêtait de se plaindre ? », version à peine édulcorée du tristement célèbre « Allez voir à Moscou si c’est mieux » que les vieux cons réacs lançaient aux jeunes protestataires à l’époque où la Russie n’était pas encore perçue comme un paradis par les mâles blancs machistes et homophobes… Il y a peu, Le Figaro avait aussi sorti un fascicule qui demandait en couverture s’il fallait avoir peur de la Chine qui ambitionne d’être la première puissance mondiale en 2050 : pour l’heure, j’ai surtout peur du Figaro qui n’a pas attendu cette date pour être déjà le journal le plus con de France !
18h : Vernissage de mon exposition à la mairie de quartier de Saint-Pierre ; bien entendu, avec le temps pourri qu’il fait, seuls les plus motivés parmi les habitués des expositions proposées par cette mairie, plus quelques personnes que j’avais moi-même invitées, ont fait le déplacement. Je suis tout de même un peu surpris de voir débarquer Fortuné Pellicano ! Celui-ci m’explique qu’il avait été touché par le croquis de lui que j’avais fait lors d’une autre circonstance et qu’il avait envie de venir me soutenir : comme quoi il ne faut pas grand’ chose pour se retrouver avec des fans inattendus ! Quand vient l’heure des discours, Robert Jestin, qui représente la mairie de Brest à Saint-Pierre, insiste sur le fait que mon exposition est très différente de ce qu’ils accueillent d’habitude et qu’elle ne manque pas d’interpeller : beaucoup de gens rient ou sourient, mais tout le monde ne partage pas les opinions défendues dans mes dessins… J’aime ça, je préfère agacer que laisser indifférent. Ce cher monsieur n’est cependant pas au bout de ses surprises : quand vient mon tour de prendre la parole, je propose à l’assistance une parodie des Deschiens ! Comme l’expo sera à la mairie pour clôturer la décennie et inaugurer l’ancienne, je voulais leur faire ce cadeau : ils ne sont pas près de l’oublier !
21h : Concert de Mathieu Le Donge à la Maison bleue, un bar brestois que je ne connaissais pas. Il est très bon et je passe une bonne soirée, que dire de plus ?
Dimanche 15 décembre
18h50 : D’après les échos qui parviennent à forcer la paroi de ma tour d’ivoire, la réforme des retraites vaut à Jean-Paul Delevoye d’en prendre plein la gueule. Je ne vais certes pas le plaindre, mais il ne faut pas se leurrer : ce personnage insignifiant, doté d’un charisme de bigorneau, n’est certainement qu’un exécuteur. S’il démissionne, son remplaçant fera exactement le même travail de sape. En fait, avec Delevoye, Macron ne fait qu’appliquer une méthode qui a déjà fait ses preuves sous ses prédécesseurs : quand on veut prendre une mesure qui sera certainement impopulaire, on confie toujours le sale boulot au plus con ; il servira d’alibi sans rechigner et s’il faut le virer, il ne manquera à personne !