Mercredi 18 décembre
18h : Après la journée pourrie d’hier, il me fallait un remède de cheval pour retrouver un semblant de moral. Je l’obtiens au cours du soir où la prof nous demande de réaliser un autoportrait. Je me surprends à être relativement à l’aise dans cet exercice qui s’éloigne sensiblement de la caricature, notamment grâce aux conseils de notre professeur qui m’avait montré par le passé comment dessiner autrement qu’au trait. Donc, oui, je sais faire ce genre de portrait, mais non, je n’en fais pas sur commande : la dernière fois où j’avais essayé de satisfaire un commanditaire qui me demandait un portrait réaliste, ça avait tourné à l’aigre ; ce que ce cher client voulait, ce n’était pas un dessin ni même une peinture mais une photo réalisée avec des crayons et des pinceaux, autant dire le degré zéro de l’art. De toute façon, je reste caricaturiste dans l’âme et je me battrai jusqu’au bout pour qu’on cesse de considérer la caricature comme une sous-catégorie du dessin et d’employer le terme comme un synonyme de « dessin raté » ! Parce qu’entre les caricatures de Daumier, Morchoisne et Cabu et les croûtes des peintres officiels (quel vilain mot), mon choix est vite fait !
Jeudi 19 décembre
16h30 : Visite à la maison de retraite pour voir Geneviève Gautier, dont vous avez pu lire les nouvelles sur ce site il n’y a pas si longtemps encore. Cette dame n’est plus très loin des cent ans mais a toujours toute sa tête et a gardé une soif d’activité digne d’une jeune fille. Aujourd’hui, elle me parle de son mari était porteur d’une maladie qu’il a transmise à leur fils et a rendu ce dernier partiellement paralysé. Selon elle, le même mal affecta le fils de Jean Rostand et la fille… De Charles De Gaulle ! Je l’ignorais, mais effectivement, l’une des filles du général était trisomique : en d’autres termes, le grand Charles, le symbole de la vitalité de la « nation française » était porteur d’un gène qui faisait de lui un « mauvais reproducteur » ! Voilà qui devrait amener un certain nombre de mâles français à moins la ramener… Et qui explique bien des choses concernant le fils du général, l’amiral facho !
Samedi 21 décembre
13h30 : Le facteur n’a pas besoin de sonner deux fois : ma sonnette réveillerait un mort. Mais pour le coup, je n’en voudrai pas à celui qui l’a fabriquée : l’employé de la Poste est venu m’apporter l’exemplaire que j’avais commandé, du tome 2 de l’intégrale de La jungle en folie, le seul volume qui me manquait encore pour compléter ma collection de cette BD d’humour absolument géniale. On n’honore pas suffisamment le scénariste Christian Godard : pourtant, c’est un véritable génie qui n’a rien à envier à Greg ou à Goscinny, notamment en matière de satire sociale : le miroir que tendent ses bestioles à l’humanité n’a pas pris une ride ! Et quel sens de la formule bien frappée ! J’en retiens notamment une : « On devrait toujours raconter ses souvenirs avant de les avoir vécus, ça éviterait bien des déceptions. » Ne me dites pas que vous n’êtes pas d’accord, vous serez aussi peu crédible qu’un enfant qui prétend aimer l’école !