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Le journal du professeur Blequin (48)

Publié le 25 janvier 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (48)Vendredi 24 janvier

13h30 : Faites-moi plaisir : oubliez définitivement le cliché de l’autiste Asperger qui serait forcément expert en informatique et / ou fort en maths. Pour commencer, tous les autres « aspis » que j’ai rencontrés étaient à peu près aussi littéraires et artistes que moi  (mais un peu moins atteints quand même) : c’est normal, je choisis mes fréquentations en fonction de mes centres d’intérêt, pas en fonction du handicap d’autrui, mais ça suffit à montrer que le concubinage forcé avec monsieur Asperger ne conduit pas forcément à devenir un geek ou un matheux. D’ailleurs, pour ma part, je n’ai strictement aucune patience avec la technologie, je suis du genre à taper du poing sur le bureau quand mon PC rame (oui, venez me regarder travailler, c’est folklo), et quand j’ai une panne d’ordinateur, je fais appel à l’oncle de ma meilleure amie, et oui, un homme qui pourrait être mon père, c’est le monde à l’envers. Concernant les maths, ce n’est pas mieux : j’avais eu une très bonne note à l’écrit du bac, mais une fois passée cette épreuve, j’étais si content d’en être débarrassé que je n’ai plus travaillé l’arithmétique ; résultat, aujourd’hui, quand je fais un calcul mental, je fais toujours une erreur, et je me trompe si souvent dans les chiffres que j’en viens à me demander si je ne suis pas dyscalculique… Pourquoi je vous parle de ça ? Et bien voilà : il n’y a pas si longtemps, je vous avais fait part des récriminations qui m’avaient été adressées par une personne habitant au Québec, laquelle jugeait qu’un colis qu’elle m’avait commandé mettait longtemps à arriver. Je suis maintenant bien obligé de faire mon mea culpa : le colis m’est revenu ! En effet, j’avais mal retranscrit l’adresse : le numéro de la maison (ou de l’immeuble) comportait quatre chiffres et je n’en avais retenu que trois ! Pour ma défense, je dois avouer que je n’avais jamais vu de bâtiment porter un numéro de plus de trois chiffres, je ne pensais même pas que ça pouvait exister ! La rue dans laquelle habite cette personne doit être très étendue et pour cause : il s’agit de la 12ème avenue de Montréal, ce qui m’aura permis d’apprendre que cette grande ville du Québec, à laquelle je ne m’étais jamais vraiment intéressé jusqu’alors (comme la plupart des Européens, c’est Québec, la capitale historique, qui me fait plutôt rêver) a de grandes avenues numérotées, comme à New York. Je réalise soudain que je n’avais jamais vraiment pris conscience du gigantisme américain… Finalement, ma bonne ville de Brest, malgré son statut de métropole, reste à taille humaine…

15h : Je me rends à la poste pour réexpédier le colis, avec l’adresse revue et corrigée. En général, je vais directement sur les automates qui ne posent pas de questions idiotes, d’autant les postières de mon quartier ne m’ont pas trop à la bonne depuis que j’ai fait du scandale à cause d’un petit vieux qui doublait dans la file, mais comme je ne sais absolument pas quoi faire avec un colis à destination de l’étranger, je n’ai d’autre choix que de m’adresser à elles. Je constate tout d’abord que les tarifs ont encore profité de la nouvelle année pour augmenter et que l’expédition me coûte donc un euro de plus qu’il y a un mois à peine : quand on compte sur la vente de livres d’occasion pour arrondir ses fins de mois, ça compte… Et ensuite, ça ne rate pas : la dame me demande s’il y a de la « valeur » dedans. Je n’ai jamais compris ce qu’on entendait par là ! Je réponds donc benoîtement qu’il y a juste un vieux bouquin… Et cette mammifère m’annonce qu’elle doit, en conséquence, OUVRIR le paquet ! Non mais ça va pas ? Je proteste énergiquement : j’ai souvent eu des démêlés avec des postières, mais jamais une seule n’avait eu la prétention d’ouvrir mon courrier ! D’une part, ce que j’expédie à d’autres particuliers ne la concerne absolument pas et, d’autre part, je ne tiens pas devoir refaire ce paquet : en effet, je fais mes colis suivant une méthode artisanale qui a fait ses preuves en permettant à plus d’un livre d’arriver à destination sans être abîmé mais qui implique que seul le destinataire est autorisé à ouvrir le paquet puisqu’il est obligé de le déchirer pour y arriver ! Qu’on ne me dise pas qu’il ne sert à rien de s’énerver : ma réaction au quart de tour a l’effet escompté, madame renonce à respecter à la lettre le règlement (si tant est qu’il préconise effectivement une pratique aussi absurde) et jette sans ménagement le paquet dans le bac prévu à cet effet. Ce dernier geste a beau signifier la fin de la controverse, il me fait quand même tiquer car, s’il y avait eu quelque chose de fragile dedans, le commanditaire l’aurait reçu en morceaux : si c’est fait exprès pour me faire payer mon comportement, c’est mesquin ; si ce n’est que de la négligence, c’est encore pire ! Je me dis que la chanson de Pierre Perret reste actuelle…


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