Mardi 4 février
9h40 : Après la journée nulle d’hier, j’ai décidé d’aller traiter directement avec l’administratrice chargée de mon dossier. Après tout, elle est formée et payée pour ça, tandis que moi, pas du tout. Chemin faisant, j’avise une réclame annonçant la diffusion d’une nouvelle série sur Canal+: elle s’intitule Baron noir… Je pense immédiatement à la BD de Got et Pétillon avec le grand oiseau noir cynique qui capturait des moutons plutôt lâches, mais le visuel m’indique clairement que ça n’a aucun rapport… Bien sûr, il me serait facile de rire à bon marché du manque de culture des auteurs de cette série télévisée française, qui ne se sont sans doute même pas doutés qu’il devait bien y avoir au moins une œuvre portant le même titre (qui ne déborde pas d’originalité, il faut bien le dire) et qu’il y aurait un petit rigolo dans mon genre pour faire le rapprochement, mais ce serait trop facile : aussi me bornerais-je à constater que la bande dessinée satirique susnommée souffre d’un oubli immérité au vu de ses qualités (certains strips ont l’air d’avoir été dessinés aujourd’hui) et que ça ne me donne pas plus envie de m’intéresser aux séries télé en dépit (ou plutôt à cause, justement) de leur omniprésence exaspérante dans les conversations ! Canal n’est vraiment plus que l’ombre d’elle-même…
10h : Je suis déjà sorti du bureau de l’administratrice qui a réglé la question en un rien de temps. J’ai tout de même pris la peine de lui expliquer que des déboires encore récents m’ont rendu méfiant vis-à-vis des administrations de tout poil et que le guide qu’elle m’avait envoyé, avec ses quatorze pages indigestes, n’était pas fait pour apaiser mon inquiétude… De toute façon, une chose est sûre : si je m’étais tapé le boulot lui-même, ça aurait été autrement plus laborieux ! C’est bien pour ça que quand je le peux, je préfère rencontrer les administrateurs en chair et en os pour régler les formalités en leur compagnie : c’est encore possible aujourd’hui, mais pour combien de temps encore ? La logique actuelle est l’exclusion pure et simple de l’élément humain des activités non-créatrices, et le jour où les technocrates décideront que les machines peuvent tout faire « elles-mêmes », le pauvre croquant dans mon genre n’aura plus aucun interlocuteur… Oui, je suis plein de joie de vivre en ce moment, vous avez remarqué ?
Mercredi 5 février
16h : Je sors d’une réunion qui s’est terminée avec une demi-heure de retard : à ma fatigue s’ajoute la déception liée au fait que le sujet qui m’intéressait n’a pas été traité. En effet, je n’ose jamais imposer mes volontés parce que je sais à quel point ces réunions sont pénibles pour tout le monde, à commencer par moi et j’évite de prendre le risque de les prolonger. Naturellement, tout le monde n’a pas ce scrupule et il y a toujours un bavard qui retarde tout le monde en s’écoutant parler de tout sauf de l’ordre du jour, avec la complicité du type qui tient absolument à ce que « son » problème soit examiné en détail à la fin, alors que tout le monde en a déjà par-dessus la tête… J’étais d’humeur massacrante en arrivant et ça ne va pas mieux en partant ! Mais comment font certains pour rester éveillés au bout de deux heures passées à rester vissé sur une chaise en écoutant parler les autres de questions qui, pour la plupart, n’intéressent pas la moitié de l’assistance ?