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Le journal du professeur Blequin (53)

Publié le 08 février 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff

Vendredi 7 février

13h30 : Kirk Douglas est mort ; il a bien fait de partir, l’Amérique ne le méritait pas !

Le journal du professeur Blequin (53)
15h : Dans le cadre d’une journée d’étude, je fais un petit speech sur l’ambivalence des espaces maritimes chez Albert Camus. Tout se passe correctement, bien que je sois déjà fatigué. Il y a des jours où j’aimerais être à la place de mes auditeurs pour constater moi-même si je parle aussi bien qu’on me le dit : au fond de moi, j’ai l’impression d’être épouvantablement brouillon. Voyant les croquis que je fais pendant les autres communications, une intervenante se dit impressionnée par l’aisance et la rapidité avec laquelle je dessine : je lui réponds que de l’intérieur, on voit les choses autrement ! Elle ne me contredit même pas : de fait, c’est pareil pour un orateur, il est souvent le seul à percevoir des hésitations et des atermoiement dont le public ne voit rien ! Dire que j’ai souvent taquiné une chanteuse de mes amies parce qu’elle est la seule à se trouver mauvaise sur scène…
Le journal du professeur Blequin (53)

17h : Ayant un battement avant de partir de la fac pour un vernissage, je m’arrête brièvement à la cérémonie de remise des diplômes de docteur. Parmi ces jeunes diplômés, je remarque notamment un juriste qui a soutenu une thèse sur les parents mineurs : je me doutais que ça existait, mais je ne pensais pas qu’il y avait suffisamment de cas pour en faire une thèse ; il faut croire que je problème est plus sérieux qu’on ne croit mais qu’on n’en parle jamais parce qu’il est tabou… Cela dit, au moins, les parents n’ont pas d’excuse pour oublier qu’ils ont été jeunes ! Quand leurs enfants feront leur crise d’adolescence, la leur sera encore fraîche dans leurs mémoires ! Plus sérieusement, le juriste parle aussi de ses parents; justement, qui l’ont exhorté à remonter jusqu’au baccalauréat dans son exposé de son parcours, arguant du fait qu’obtenir le certificat d’études était considéré comme un exploit de leur temps ; entendant une chose pareille, je rends grâce à mes parents de ne jamais m’avoir dit ça et de m’avoir ainsi épargné le soin de les envoyer chier !

Le journal du professeur Blequin (53)

Charles Kerivel vu par votre serviteur.

18h : J’assiste à l’inauguration de l’exposition des carnets de voyage de Charles Kerivel à la mairie de Gouesnou : beaux à pleurer. L’ami Charles dessine devant le public une femme berbère, avec une aisance admirable ; son geste a l’air facile, mais c’est parce qu’il est parfaitement maîtrisé. Seule ombre au tableau, les seniors présents dégainent leurs smartphones pour filmer la performance : je dois être le plus jeune de l’assistance, mais je me contente de regarder avec mes petits yeux à moi qui n’ont pas été fabriqués en Asie. Et on dira que les jeunes sont tous des geeks…

19h45 : Imaginez : vous avez une correspondance à prendre pour rentrer chez vous. Le bus est là, prêt à partir MAIS il stationne à un arrêt réservé à la descente. Par conséquent, vous attendez, à l’arrêt de départ, qu’il fasse le tour du rond-point situé à proximité. Le bus est donc juste en face de vous, de l’autre côté de la rue, vous ne pouvez pas entrer dedans alors qu’il fait déjà froid et que vous êtes épuisé par une semaine chargée et vous attendez que le véhicule fasse un demi-tour, le tout en « compagnie » d’une troupe de caricatures de jeunes des cités et d’une affiche de la campagne de pub indécente d’Europe 1 : je vous défie, en de telles circonstances, de ne pas trouver le temps long… Et de ne pas penser sincèrement que les urbanistes sont tous des cons qui n’ont que mépris pour les sans-bagnoles !


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