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Le journal du professeur Blequin (67)

Publié le 13 mars 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff

Vendredi 13 mars

10h : Je fais la queue au marché pour acheter du pâté. Une dame âgée commente à sa façon l’intervention télévisée du président de la République, que je n’ai évidemment pas vue : « Avec la tête qu’il avait, on aurait dit qu’il allait nous annoncer la fin du Monde ! » D’un autre côté, il n’allait pas non plus afficher un grand sourire… Un type lui emboite le pas : « De toute façon, on est trop nombreux sur Terre ! » Comme je suis un peu déprimé (pour d’autres raisons), je lui dis qu’il y a des gens qui souffrent. Il me répond : « Ah mais je sais, vous savez, j’ai été militaire, j’en ai vu des pays » et gnagni et gnagnagna. Il termine en lançant « On a envoyé deux mille cochons de Bretagne à l’étranger, nous les Bretons, on a de bonnes idées ! » Pas tant que ça : ce ne sont pas les cochons qu’il faut expédier au diable Vauvert, ce sont les andouilles !

Le journal du professeur Blequin (67)

Charles Kerivel vu par votre serviteur.

14h15 : La circulation est fluide, même le bus est presque vide : j’imagine que le Coronavirus et les annonces de Macron n’y sont pas étrangères… Quoi qu’il en soit, j’arrive donc avec un quart d’heure d’avance à mon rendez-vous chez Charles Kerivel, un collègue artiste au parcours impressionnant : il n’a jamais fait d’école d’art, il est entré dans la vie active comme mousse dans la marine marchande, et c’est au cours de son service militaire en Algérie qu’il a rencontré quelqu’un qui, le voyant dessiner, l’a encouragé à venir travailler dans la publicité ; c’est ainsi qu’il est entré à la PAM, cette imprimerie brestoise qui a fermé il n’y a pas si longtemps encore, où il a travaillé avec des techniques aujourd’hui désuètes mais avec lesquelles on obtenait des résultats impressionnants… Pourquoi je vous raconte ça ? Parce qu’à la base, je ne venais le voir que pour l’exposition de ses carnets de voyages marocains à la mairie de Gouesnou et je ne pense pas que je pourrai détailler son parcours dans Côté Brest, alors autant que vous en profitiez.

17h :La circulation était fluide à l’aller, mais alors au retour, bonjour les bouchons ! Surtout au niveau de Kerichen, là où j’allais au lycée jadis… Quand je vois deux adolescentes monter dans le bus avec de lourds bagages, je crois comprendre : suite à la fermeture des établissement scolaires, toutes les lycéennes et tous les lycéens rentrent chez eux, et leurs parents viennent les chercher, en voiture bien entendu… Franchement, les gaz d’échappement nous auront tués avant le virus !

17h30 : Les annulations s’accumulent : les conférences sont reportées sine die, qu’elles aient lieu à l’université ou pas, et même le colloque prévu à Besançon, où j’étais censé me rendre dans deux semaines, est annulé… J’en suis chagriné, mais d’un autre côté, j’avoue que je n’avais pas envie de sortir la semaine prochaine : ça m’aidera à éviter de connaître le résultat du premier tour des municipales ! Puisque j’en parle, n’oubliez pas à aller voter quand même, car avec l’extrême-droite, vous n’aurez pas besoin du virus pour crever !

Le journal du professeur Blequin (67)


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