Dimanche 22 mars
19h : Evidemment, ça ne pouvait pas rater : les curés se jettent déjà comme des goules sur une population apeurée dans l’espoir de lui violer le cerveau à nouveau ! J’ai reçu ce message : « Mercredi à 19 h 30 toutes les cloches de France sonneront. Les évêques de France nous demandent d’allumer une bougie à nos fenêtres en signe de solidarité.« Les cloches sonneront ? Et bien qu’elles sonnent si ça les amuse, qu’est-ce que vous voulez que ça me foute ! Elles sont conçues pour ça, non ? Et puis elles sonnent déjà au moins quarante-huit fois par jour, alors une fois de plus ou de moins… Mais pour ce qui est d’obéir aux évêques, c’est niet ! Mes parents m’ont toujours inculqué la méfiance envers les religions de tout poil, je n’ai jamais obéi à un curé de ma vie, et ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer ! Je craignais qu’une vague de bondieuserie déferle sur cette France angoissée, mon pressentiment était justifié ! Ce n’est pas parce que nous traversons une période de crise qu’il faut relâcher notre vigilance laïque et nous laisser dicter notre conduite par les corbeaux : comme disait René Laloux, « tu laisses entrer un curé dans ton jardin et tu retrouves avec un tribunal de l’inquisition dans ton salon » ! D’autant que les curés sont gonflés : à ce qu’on m’a dit, si l’Est de la France est particulièrement touché par l’épidémie, cela est dû en grande partie à un rassemblement évangéliste ! Non, non et non, je ne me soumettrai pas à la loi des évêques, pas plus qu’à celle des rabbins, des imams, des pasteurs et autres marchands d’illusions ! Leurs bougies, qu’ils se les mettent là où je pense, et allumées de préférence ! Et entonnons la « Marseillaise anti-cléricale » : racines chrétiennes, mon cul ! L’identité de la France, c’est aussi l’anti-cléricalisme !
Lundi 23 mars
10h : Parmi mes connaissances, une seule personne était contaminée par le virus : elle va déjà mieux. Je ne vais évidemment pas m’en plaindre mais ça me fait me questionner de plus belle sur la légitimité d’une telle psychose alors que l’immense majorité des malades s’en tirent sans séquelles, après quelques jours de toux et de fièvre : d’autres maladies dont on parle jamais font bien plus de ravages dans l’indifférence quasi-générale. On portes aux nues les personnels soignants, mais c’est à longueur d’année qu’ils prennent des risques pour sauver des vies ! D’ailleurs, si on avait pris autant de précautions face à une certaine maladie qui décimait les gays dans les années 1980, le Sida serait peut-être rayé de la carte depuis longtemps ; mais comme ça tuait les homosexuels et les drogués, les « braves gens » s’en foutaient et, subséquemment, le pouvoir aussi ! Quand on s’est aperçu que tout le monde pouvait l’attraper, l’Occident chrétien a fait une drôle de gueule… Tout ça pour dire que ceux qui s’imaginent que nos dirigeants prennent leur décision suivant une froide logique rationnelle sont à côté de leurs pompes : les gens de pouvoir sont comme nous tous, ils fonctionnent à la saute d’humeur et font la majorité de leurs choix au pifomètre, à plus forte raison quand ils font face à une situation inédite où ils sont aussi désemparés que n’importe qui d’autre. Je ne leur reproche même pas, ça prouve que ce sont des êtres humains. Ne me dites pas que Jules César, Napoléon et le général De Gaulle n’ont pas été pris de panique au moins une fois dans leur vie…