Si les célèbres marionnettes de Canal+ étaient encore là, comment maltraiteraient-elles la crise sanitaire que nous traversons en ce moment ? C’est ce que j’ai essayé d’imaginer. Voilà ce que ça donnerait peut-être :
PPD : Nous sommes en 2020 et vous regardez l’ancêtre d’Internet, bonsoir ! Comment le confinement affecte-t-il la vie des Français ? Tout de suite le témoignage de personnalités de la société civile avec, pour commencer Bernard Tapie.
Tapie : Salut bonhomme !
PPD : Alors Bernard, comment vous portez-vous ?
Tapie : Bah t’as qu’à demander à Le Monde, y doivent savoir ! J’étais vachement surpris, j’savais pas que j’étais mort !
PPD : Bernard, ne commencez pas…
Tapie : Ben excuse-moi, bonhomme, mais un mois après avoir annoncé qu’on avait arrêté Dupont de Ligonnès, ça fait beaucoup d’erreurs ! Et après, ça vient chialer comme quoi ce seraient les réseaux sociaux qui sèmeraient des fake news partout ! Après ça, dire que la presse est fiable, c’est déjà une fake news en soi !
PPD : Hum ! Revenons au confinement, Bernard : ce n’est pas trop dur à vivre ?
Tapie : Ben non, pourquoi ? J’ai déjà été confiné six mois en taule, j’suis rôdé ! En plus, là, au moins, je me fais pas fureter le vide-ordures par des piqueurs de mobes ! Pis j’suis peinard : pas de danger que je reçoive la visite d’un juge d’instruction ! Même qu’avec un peu de chance, le cancer m’aura bouffé avant le covid-19 !
PPD : Bernard, je vous en prie !
Tapie : Hé, quoi ? Là, tout le monde a peur de ce virus de mes couilles, mais l’air a jamais été aussi pur depuis quarante piges ! Tu préférais quand on respirait des gaz d’échappe et qu’on n’chopait que des gentils petits cancer inoffensifs ?
PPD : Hum ! Merci Bernard. Bien sûr, la situation pose des problèmes au monde sportif, difficile de s’entraîner dans ces conditions. Philippe Lucas, vous êtes inquiet pour les performances de vos nageurs ?
Lucas porte des écouteurs et regarde fixement un ordinateur.
Lucas : Inquiet, moi ? Dis donc, ducon, tu vois pas ce que ze fais en ce moment ?
PPD : Oh, excusez-moi, je vous interromps en pleine conversation…
Lucas : Nan ! Ze suis en train de surveiller mes nazeurs qui s’entraînent de cez eux ! Pandémie ou pas, l’entraînement doit continuer, pis c’est tout !
PPD : Ils s’entraînent de chez eux ? Mais… Ils ont tous une piscine ?
Lucas : Nan, y s’démerdent avec c’qu’y z’ont ! Une baignoire, un tabouret, un lavabo même, mais y s’entraînent, pis c’est tout !
PPD : Mais… Ça ne vaudra jamais un vrai entraînement dans une vraie piscine !
Lucas : Hé, oh, f’est qui le pro ? Qu’est-fe t’y connais, toi ? D’façon, quand les compètes reprendront, y s’ront touzours mieux entraînés qu’les grosses feignasses qu’auront rien branlé pendant deux moi, pis c’est tout ! Hé, toi, là, dans l’lavabo, la cadence faiblit ! Gare à toi ou z’te fais couper l’eau çaude, pis c’est tout !
PPD : Hum ! Étranger maintenant : aux États-Unis, le président Donald Trump reste défavorable au confinement.
Sylvestre : Bah, d’toute façon, en Amérique, on a plus de chance de crever d’une balle de la peau que d’un ch’tit virus, hein !
PPD : Monsieur Sylvestre, ne plaisantez pas avec ça, le confinement a déjà prouvé son efficacité contre la progression du coronavirus !
Sylvestre : Ah mais non, à World Company, on pratique le confinement depuis longtemps : on reste entre nous, entre patrons, et on se mêle pas aux pauvres qui crèvent sous nos fenêtres !
PPD : C’est odieux de dire ça !
Sylvestre : Non, c’est la loi de la sélection des espèces : les plus forts survivent et les faibles n’encombrent plus la planète ! Les pandémies, c’est les plus belles vidanges à pauvres qui puissent exister !
PPD : Mouais-mouais ! Faites pas le malin, hein : l’activité économique est ralentie, vous allez perdre beaucoup d’argent !
Sylvestre : Ah ouais, c’est dommage, ça… Un instant, je passe un coup de fil… Allô, Bill ? Revends tout et achète du pharmaceutique, ça va boumer ! Beuah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
PPD : Grmbl ! Bon, sans transition…
De Villiers : Alléluïa ! Le jugement dernier est arrivé ! Dieu va châtier ce monde corrompu !
PPD : Monsieur De Villiers, voyons…
De Villiers : Silence, païen ! Le tout-puissant a décidé de séparer le bon grain de l’ivraie ! Seuls les justes survivront !
PPD : Monsieur De Villiers, ne dites pas n’importe quoi : le covid-19 n’est mortel que dans une infime proportion des cas et puis qu’est-ce que vous faites de Manu Dibango ?
De Villiers : Mais c’est bien la preuve, monsieur ! Un noâr qui jouait la musique de Belzébuth ne pouvait qu’être frappé du châtiment divin ! Que sa mort serve d’avertissement à tous les mécréants : convertissez-vous, devenez mâle blanc hétérosexuel et catholique ou mourez !
PPD : Pfff… Bon, sans transition, tout de suite, le duplex avec l’Élysée pour l’intervention du président de la république…
Macron : Françaises, Français, mes chers compatriotes. Nous sommes actuellement en état de guerre sanitaire, mais ne paniquez pas. Restez chez vous, mais continuez à travailler. Les hôpitaux manquent de moyens mais ayez confiance dans les personnels médicaux…
PPD : Monsieur le président, votre position n’est pas très claire…
Macron : Comment ça ? Mais si, elle est très claire : les gens doivent rester chez eux pour ne pas attraper le virus mais ils doivent quand même sortir travailler, où est la difficulté ?
PPD : Ben ce n’est pas très compatible, non ? C’est comme quand vous demandez aux personnels des hôpitaux d’en faire toujours plus avec toujours moins de moyens…
Macron : Mais si, c’est très compatible : les personnels des hôpitaux font un travail remarquable et il sera encore plus remarquable avec moins de moyens… C’est dans leurs cordes, non ?
PPD : Hum… Monsieur le président, vous ne seriez pas un peu perdu ?
Macron : Perdu, moi ? Pas du tout, monsieur Delahousse, j’ai la tisuation mien en bain, je suis très clame et très fonciant…. BRIGIIIITTE ! Le monsieur à la perruque, y m’embête, là !
PPD : Ah, il n’y a pas à dire, il est à l’image de la République : la clarté de Jacques Chirac, la sérénité de Nicolas Sarkozy et l’efficacité de François Hollande ! Alors, sans transition, avant de se quitter…
Chirac : Hé, oh, c’est pas un peu fini, là, non ?
PPD : AAAAAH !
Chirac : Ben quoi, D’Arvor ? Qu’est y a, what do you want ? Vous me reconnaissez pas ?
PPD : Mais… Monsieur Chirac, vous êtes mort !
Chirac : Ben ouais, j’suis mort ! Mais c’est pas une raison pour en profiter pour salir ce que j’ai de plus cher !
PPD : Mais… De quoi parlez-vous ?
Chirac : Ben de la Corona ! D’Arvor, je vous le demande : comment peut-on associer le nom de ce trésor venu du Mexique à celui d’une maladie ? J’en ai bu jusqu’à la fin de mes jours et j’ai tenu 86 ans, alors ne salissez pas l’image d’une pauvre marque de bière qui ne vous a rien fait, nom de Dieu !
PPD : Vous savez, monsieur Chirac, on l’appelle aussi Covid-19…
Chirac : Et bien voilà : appelez-le comme ça, Machin-bidule-19 là, et arrêtez d’insulter la Corona !
Bernadette (off) : Jâââcques ?
Chirac : Oh putain, Maman ! Bon, j’retourne au cimetière, dites pas qu’vous m’avez vu, hein !
PPD : Vivivi, c’est ça ! Bon, que le Covid-19 fasse des morts, passe encore, mais qu’il en réveille, là, c’est trop, hein ! Allez, atchao bonsoir !