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Le journal du professeur Blequin (78)

Publié le 15 avril 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff
Le journal du professeur Blequin (78)

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Dimanche 12 avril

11h : Ce n'est jamais très agréable de faire la queue à la boulangerie, mais ça devient franchement pénible quand tu es obligé de laisser un mètre de distance entre toi et les autres clients : il suffit qu'il y ait cinq personnes devant toi pour que tu te retrouves sur la voie carrossable, à jouer au toréador avec les bagnoles, heureusement peu nombreuses ! Sachant cela, les autres clients pourraient au moins éviter de s'attarder à papoter avec les vendeuses ; mais non ! Il faut toujours qu'il y ait un crétin qui raconte sa vie, comme si la situation était normale ! Faut-il qu'ils s'emmerdent chez eux ! Ça y est, je me rappelle pourquoi les gens ne me manquaient pas... Une fois que j'ai eu mes baguettes, j'arrache un crouton et je le donne au pauvre type qui mendiait à la sortie : après tout, c'est encore lui qui m'aura le moins gêné ce matin !

19h : Je trouvais étrange de n'avoir encore jamais croisé, dans mon quartier, de policier chargé de contrôler les attestations. Je sais enfin pourquoi : ces braves perdreaux n'ont pas le temps de s'occuper des citadins, ils sont trop occupés à surveiller les promeneurs dans un trou perdu au bord de la mer ! Je n'exagère pas, je le tiens d'une amie qui vit dans un minuscule village isolé et qui m'a dit, par téléphone, avoir eu la surprise d'être suivie par deux flics alors qu'elle marchait sur la plage située à deux pas de sa maison ! Ce n'est pourtant pas dans ce bled paumé qu'elle risque de croiser beaucoup de monde et ce n'est pas en marchant seule sur une plage déserte qu'elle va propager ou attraper le virus ! Le sens des priorités de la police m'échappe un peu...

Lundi 13 avril

10h15 : Naturellement, ça ne pouvait pas rater : certaines voix s'élèvent déjà contre la dérive " totalitaire " que représenterait le confinement, envisagé comme une expérience de contrôle à grande échelle de la population. Mais vous savez quoi ? Je pense que c'est exagéré, pour une raison simple : ce discours fait beaucoup d'honneur à nos gouvernants en renforçant le mythe suivant lequel ils prendraient leurs décisions suivant une froide logique rationnelle. Ce qui est le plus probable à mon sens, c'est qu'ils sont tout aussi angoissés que le pékin de base par cette situation qui leur échappe et qu'ils ont décrété le confinement parce qu'ils ne pouvaient absolument pas faire autrement que suivre à la lettre les recommandations des professionnels de santé. Sans compter que les chantiers à l'arrêt, la consommation en berne et l'impossibilité de voyager à l'étranger, ça ne les arrange sûrement pas non plus... En revanche, je soutiens sans réserve cet ambulancier brestois qui a poussé un coup de gueule contre ses concitoyens qui bravent le confinement pendant qu'il passe ses journées à visiter des gens dont le cas est inquiétant : je pense sincèrement que les travailleurs qui mettent les mains dans le cambouis de la misère humaine sont plus proches de la réalité que les penseurs hors-sol... Dont je fais moi-même partie. Quoi qu'il en soit, vous qui me lisez, respectez le confinement : si vous ne le faites pas par respect pour l'autorité, faites-le au moins par respect pour les personnels médicaux !


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