Le confinement expliqué à ma petite-fille (quand j’aurai 78 ans)

http://legraoullydechaine.fr/2020/04/18/le-confinement-explique-a-ma-petite-fille-quand-jaurai-78-ans/

- Papy Benoît ?

- Oui, ma chérie ?

- A l'école, la maîtresse, elle a parlé du confinement de 2020. T'as connu ça, toi ?

- Bien sûr, ma cocotte ! J'avais l'âge de ton papa, en ce temps-là.

- Ouaaaah ! Raconte, s'te plaît !

- Raconter ? Oh, il n'y a pas grand' chose à dire, tu sais...

- S'te plaît, papy, s'te plaît !

- Bon, d'accord ! En février 2020, des gens ont commencé à attraper une grave maladie respiratoire contagieuse. Le mois d'après, le président de la république de l'époque a donné l'ordre qu'on sorte le moins possible pour éviter que les gens attrapent cette maladie, et pendant tout ce temps, les gens ne sont sortis que s'il le fallait vraiment. Voilà !

- Et toi, qu'est-ce que t'as fait ?

- Et bien j'ai fait comme tout le monde, c'est tout.

- C'est tout ?

- Ben oui, c'est tout, ma chérie ! Je t'avais dit qu'il n'y a pas grand' chose à raconter !

- Mais tu aurais pu mourir !

- Mourir ? Mais pas du tout, puisqu'on avait pris les précautions !

- Mais la maîtresse, elle a dit que ceux qui sont restés chez eux ont sauvé des vies !

- Ah ! Ah ! C'est ce que beaucoup de gens ont dit à l'époque pour crâner, mais il ne faut pas croire ça : rester chez soi, c'est pas difficile ! Non, ceux qui ont sauvé des vies, ce sont ceux qui soignaient les malades, les autres ne doivent pas se prendre pour des héros ! En fait, c'est très banal, ce qu'on a vécu à cette époque, tu sais !

- C'est banal ?

- Et oui, ma puce ! Même les gens qui soignaient les malades, ils se prenaient pas pour des héros, ils ne faisaient que leur travail ! Ils crânaient pas pour autant !

- Mais ils auraient pu attraper la maladie !

- Ben oui, mais il fallait bien prendre le risque ! D'ailleurs, est-ce que je t'ai parlé de ton arrière-grand-père, mon papa à moi ? Il a vécu au Maroc, loin de sa famille !

- Pourquoi ?

- Pour travailler, ma cocotte ! Il était professeur et il devait travailler là-bas. Et bien il n'en était pas plus fier pour ça, il faisait son métier, un point c'est tout !

- Ooooh !

- Et à l'école, est-ce qu'on t'a parlé de la guerre 39-45 ?

- Oui, papy.

- Et bien ton arrière-arrière-grand-père, mon grand-père à moi, que je n'ai pas connu, il était parti en Angleterre pour pas être obligé d'obéir aux envahisseurs : c'était pas drôle, tu sais, il était loin de sa famille, il y avait les bombes, on manquait de tout... Mais pour lui, c'était normal, il voulait rester libre.

- Et lui non plus, il était pas fier, alors ?

- Pas du tout ! On lui a proposé des médailles, il les a toutes refusées ! Tout ça, pour lui, c'était banal !

- Oh ? Alors c'est banal, de vivre l'histoire ?

- Tu as tout compris, ma chérie !

- Alors pourquoi on parle comme si c'était pas banal ?

- Heu... Ben ça, c'est une bonne question ! Tu as toute ta vie pour y réfléchir... Et à part ça, ça va ?