Cette photo a été prise il y a exactement un an à Milan. Ou était-ce il y a mille ans ? On prétend souvent qu’une photo vaut mille mots, mais je vais un peu contextualiser cette image. En avril 2019, j’étais à la Fiera, soit un des Salons du Meuble les plus importants du monde. Vous allez peut-être me détester mais je suis allé de 2014 à 2019 sans interruption au mois d’avril à Milan, et ce Salon est probablement un des déplacements professionnels les plus agréables qui soient et que j’attends avec le plus d’impatience.
Alors, juste avant de partir, l’an dernier, j’avais pris le soin de photographier les dates de la prochaine session de la Fiera, celle de 2020. « See you – Arriverderci 21_26.04.2020 ». Alors, effectivement, je devrais être en Italie aujourd’hui. Mais je suis « limitato ». Comme ce mot prend un sens encore plus brutal en italien.
Je n’y suis pas mais je balance, tant pis, car Go Voyages et Easy Jet ne m’ont toujours pas remboursé mes frais d’hébergement et de transport aérien engagés il y a environ 3 mois, alors, que, globalement, j’ai une vraie raison de ne pas avoir pris l’avion non ? Ce n’est pas de la mauvaise volonté, j’y serais bien allé à Milan en réalité mais : les frontières sont fermées, et cette chère Italie est si durement suppliciée par le virus. Mais bon, Go Voyages et Easy Jet ne doivent pas regarder les infos, il sont beaucoup trop occupés à éconduire les clients qui auraient l’audace de réclamer leur dû.
Concrètement, si je m’y étais réellement rendu, je vous décris une journée type. Après une petite quinzaine de kilomètres à arpenter les allées de ce Salon, c’est un événement très dense en termes d’activité, il eut fallu que j’aille apercevoir le soleil couchant en sirotant un Spritz sur une terrasse joyeuse. Il m’eut été obligatoire de me promener sur la Via Tortona et de constater à quel point cette ville est animée, décorée et esthétisée durant la période de la Fiera, parce que le design gouverne les lieux en maître dans un climat déluré.
Alors, mes pensées vont vers l’Italie, en me disant qu’au-delà de la souffrance des personnes contaminées ou de celles qui sont endeuillées, le Covid-19 s’est attaqué à l’art de vivre, à la fierté, à la culture. Ci vediamo doppo.