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Le journal du professeur Blequin (86)

Publié le 03 mai 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff
Le journal du professeur Blequin (86)

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Le journal du professeur Blequin (86)Vendredi 1er mai

11h : Je sors poster un paquet : je suis tranquille de ce côté-là, je sais que le courrier circule bien, quoique plus longtemps qu'en temps normal. On revit l'époque où il mettait des semaines à arriver à bon port, mais après tout, chi va piano va sano et n'en déplaise à ce que disait une pub des années 2000, la vitesse ne me manque pas. La météo est plutôt mitigée mais je me passe de vêtement de pluie : vu le peu de temps que je vais passer dehors, inutile de sortir l'artillerie lourde. Hier, ma mère, m'a dit que le marché qu'elle fréquente avait repris : ce n'est visiblement pas le cas à Lambézellec où la place est déserte, mais comme c'est jour férié, comment savoir ? Il y a la queue à la boulangerie, je savoure la joie égoïste de ne pas avoir besoin d'acheter du pain dès aujourd'hui. Pour garder mes distances sans pour autant poser le pied sur la voie carrossable, je marche sur la bordure du trottoir ; me sentant retomber en enfance, je chante le refrain d'une chanson des Goristes, plus précisément d'Yvon Etienne : " Il n'est jamais dans la bonne file, il ne fait jamais le bon choix, il n'est jamais au bon endroit, il n'est jamais dans le bonne file ". Pour employer un euphémisme, j'ai l'impression que ça ne fait pas beaucoup rire les gens... Une fois mon courrier dans la boîte, je repasse le long de la file et je remarque qu'une petite fille, portant un masque, en a mis à son bébé en celluloïd : là, c'est moi qui ne ris pas beaucoup et c'est toujours un euphémisme.

Samedi 2 mai
Le journal du professeur Blequin (86)

19h : Je tombe par hasard sur une vidéo reprenant un " coup de gueule " que Jean-Pierre Pernaut a poussé à l'ouverture de son 13 heures, qu'il présente de chez lui, confinement oblige. Visiblement, le Coronoavirus ne l'a pas atteint, ce qui prouve qu'il n'y a pas de justice... Monsieur ironise sur les citadins qui bravent le confinement en toute impunité alors qu'on donne des amendes à ceux qui se promènent sur les plages ou dans les forêts ; j'ai moi-même dénoncé ce paradoxe, mais il faudrait plus que ça pour me faire oublier la saine exécration que j'éprouve pour ce personnage en temps normal ! Sans compter que son " coup de gueule " pue à cent lieues à la ronde la démagogie bonhomme de la grande gueule pleine aux as qui sait mettre les beaufs dans sa poche ; on reproche au gouvernement des décisions incohérentes sur lesquelles il revient le lendemain, mais pour le coup, dans une situation aussi inédite, je ne lui reprocherai pas d'avoir perdu les pédales ! Parmi les recommandations que YouTube propose à droite de la vidéo, je découvre un lien vers un discours de Marine Le Pen : les algorithmes des sites web sont perfectibles, mais ils ont bien compris à quelle sensibilité appartient le public moyen de monsieur Pernaut...

Dimanche 3 mai

11h30 : Je ressors poster du courrier et j'en profite pour passer à la pharmacie puis à la boulangerie : à la pharmacie, un monsieur demande s'il y a des masques, on lui répond que tout est déjà parti ; à une semaine du début du déconfinement, les Français sont toujours aussi peureux... Je ressors avec ma boîte de Doliprane (j'ai parfois des maux de tête et ça date de bien avant le covid-19) et fais la queue devant la boulangerie : dans la file, un type lit Le journal du dimanche ; les Français lisent toujours de la merde... Quand j'entre enfin dans la boulangerie, j'entends la radio : les Français écoutent toujours de la soupe ! Bilan de cette brève sortie : plus je connais les gens, plus j'aime être confiné !


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